« C’était comme un présage – ou plutôt : une bande-annonce […] C’était terrifiant et d’une beauté inqualifiable. » Dans la digne lignée d’Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, La rivière de Peter Heller commence comme un roman d’amitié et d’aventures au cœur des grands espaces canadiens, pour s’achever comme un thriller au supense maîtrisé. Si Jack est issu d’une famille de ranchers, Wynn et lui partagent une sensibilité innée, leur permettant d’apprécier la beauté brute d’une nature préservée. Habitués à bivouaquer, ils profitent de l’été pour entamer une virée en Canoë sur le fleuve Maskwa. Ils sont rodés, tout est prêt. Et pourtant, rapidement quelque chose cloche. Une dissonance en partie due à l’odeur de fumée, au brouillard enveloppant les empêchant de naviguer correctement, ou peut-être à ce cri surgi de nulle part, dont l’écho se répercute dans la vallée avant d’être étouffé. Le charme est rompu, les sens sont en alerte. Les garçons ressentent de légers picotements. Un pressentiment sourd qui ne cesse de se renforcer au fil de la traversée. Une menace plane, sans pour autant qu’ils ne parviennent à l’identifier. La rencontre avec deux texans armés complètement imbibés contribue à nourrir leur anxiété. Et bien qu’ayant identifié une voix de femme, c’est un homme seul, le visage ravagé, les traits tirés et le regard apeuré, qu’ils aperçoivent dériver sur son canoë. Qu’a-t-il fait de sa compagne ? Alors que le feu de forêt gagne en intensité, que les animaux fuient de tous côtés, et que la nature luxuriante se met à flamber, l’étau semble se resserrer. Jack et Wynn sont acculés. Surpris par les premières gelées, ils ont le choix entre une mort lente – faute d’équipements suffisants puisque leur campement a été saccagé, par qui ? un ours, un animal sauvage, une personne qui leur en voudrait ? – et la perspective de finir carbonisés. Le véritable danger de cette chasse à l’homme ne réside pas tant dans la sauvagerie d’une nature déchaînée, que dans la nature humaine désentravée des règles de la société. « À moins d’avoir beaucoup de chance, quelqu’un va mourir. » Entre roman noir et nature writing, embarquez pour une expédition en enfer…
Mon évaluation : 3,5/5
Date de parution : 2021. Grand format aux Éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy, 304 pages.
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