Réédité par les Éditions Belfond, Le Messager de L. P. Hartley est un classique de la littérature anglaise paru en 1953 et porté à l’écran en 1971. À soixante ans passé, Léon Colston revient sur un événement survenu alors qu’il n’avait que treize ans. Invité par un camarade à passer l’été 1900 à Brandham Hall, Léon se retrouve au cœur d’une intrigue amoureuse dont il ne saisit pas la portée. Son séjour se solda par un drame, qui scella le reste de sa vie et imprima un tournant décisif à sa personnalité. Une mise à distance des affects, un refus de s’impliquer dans ses rapports avec autrui, de peur de voir se répéter le cauchemar vécu adolescent. Tout commence le jour où son ami, contraint de garder le lit, lui fausse compagnie. Pour tromper l’ennui, Léon s’aventure sur les terrains du fermier Ted Burgess. Ce dernier lui confie un message à remettre à la sœur de son ami. De fil en aiguille, sans que rien ne soit formalisé, Léon remplit la fonction de coursier, délivrant les missives sans se soucier de leur moralité. Et pourtant, autour de lui le climat change, la tension monte, les fiançailles de la jeune fille avec lord Trimingham vont être officialisées. L. P. Hartley écrit à hauteur d’enfant la trame d’un drame sur le point d’éclater, ponctué d’observations d’une lucidité que seule permet une distanciation des faits reposant sur le temps séparant les événements de leur rédaction. C’est dans ce décalage entre le regard innocent de l’enfant, qui pressent les conséquences terribles que pourraient avoir son implication, et le point de vue de l’homme âgé, qui connaît l’issue fatale de cet été étouffant, que réside la force du récit. Sa tension nerveuse est renforcée par la prescience de celui qui l’écrit. Le lecteur anticipe ce qui va survenir mais ne peut qu’échapper à un enfant, impliqué dans un triangle amoureux périlleux, pour qui les passions et la violence qu’elles peuvent susciter sont des concepts étrangers. Un scénario redoutable et implacable !
Adaptations
- Cinéma : film réalisé par Joseph Losey et mis en musique par Michel Legrand, sorti en 1971.
PALME D’OR DU FESTIVAL DE CANNES (1971)
Date de parution (Angleterre) : 1953. Grand format chez Belfond, collection Belfond Vintage, poche aux Éditions 1018. Traduit de l’anglais par Andrée Martinerie et Denis Morrens, 400 pages.
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