« Elles rentraient chez elles, fantômes de ce qu’elles avaient été, bien sûr, mais elles rentraient chez elles pour retrouver leurs racines en femmes libérées, retrouver les bras de leurs proches et la clémence de leur Créateur. » Idyllique la conquête de l’Ouest pour les femmes de pionniers ? La quête d’aventure et de liberté, ainsi que le rêve de se réinventer, une fois confrontés à la rudesse des hivers en solitaire passés à la Frontière s’émoussent. Au milieu du 19e siècle, quatre femmes : Theoline Belknap, Arabella Sours, Hedda Petzke et Gro Svendsen en font les frais. Ainsi, la première, après avoir accouché seule, décide de se débarrasser du nouveau-né. La seconde, âgée d’à peine dix-neuf ans, vrille lorsque que ses trois enfants meurent coup sur coup de la diphtérie. La troisième, traumatisée par une attaque de loups, dont les cadavres criblés de balles sont retrouvés au pied de son lit par son mari, se réfugie dans la folie. Quant à la quatrième, ivre de rage suite aux assauts répétés de son mari qui s’acharne à la traiter comme une terre à labourer, se rebelle et tente de le tuer. Face à la nécessité de reconduire ces quatre femmes brisées dans leur famille et au désistement de maris lâches et démunis, une femme seule, courageuse et célibataire, se porte volontaire pour effectuer un voyage requérant de traverser à chariot d’Ouest en Est les États-Unis. Pour la seconder : Briggs, un déserteur, voleur de surcroît, hissé en haut d’une corde par les habitants de la communauté, qu’elle sauve in extremis en échange de sa promesse de les conduire jusqu’au Missouri. Portrait d’une femme émancipée et d’un “fruit pourri” au départ aussi sec que les routes qu’ils s’apprêtent à arpenter, Homesman (“Rapatrieur” en français) de Glendon Swarthout est un western sensible. Une épopée initiatique mettant en scène des femmes aux destins tragiques. Comme toujours dans les westerns, seul le chemin parcouru compte. Les épreuves endurées modifient en profondeur les êtres, qui au contact de leurs compagnons de route gagnent en humanité.
Mon évaluation : 4/5
Date de parution : 1988. Aux Éditions Gallmeister, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Derajinski, 288 pages.
Qu'en pensez-vous ?