Repose-toi sur moi, écrit par Serge Joncour, a reçu le Prix Interallié 2016 face à Petit pays de Gaël Faye et 14 juillet signé Éric Vuillard. N’ayant pas encore lu le roman d’Éric Vuillard, je ne peux pas vous dire lequel j’aurais choisi pour le moment, mais il est certain que je n’aurais pas fait le choix de Repose-toi sur moi face à Petit pays. Mon avis est très mitigé concernant ce roman. En effet, d’un côté on ne peut nier la qualité de la prose de Serge Joncour, son écriture est agréable, musicale, mais dans ce roman l’histoire ne prend pas. En tout cas, n’a pas pris pour moi. Évidemment, je ne donne que mon avis, j’imagine bien que ce roman a du toucher de nombreux lecteurs 🙂 Je ne trouve pas que ce livre méritait ce prestigieux prix littéraire, surtout face à Petit pays, mais n’étant pas juré je n’ai pas vraiment mon mot à dire 😉 Je vais vous expliquer tout au long de cet article le pourquoi du comment de ma déception, mais tout d’abord je vous laisse découvrir le résumé de l’ouvrage.
Résumé
Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Il n’ont rien en commun si ce n’est un curieux problème : des corbeaux ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s’en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l’intimide et le rebute, il va les tuer. Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l’égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien. Dans ce grand roman de l’amour et du désordre, Serge Joncour porte loin son regard : en faisant entrer en collision le monde contemporain et l’univers intime, il met en scène nos aspirations contraires, la ville et la campagne, la solidarité et l’égoïsme, dans un contexte de dérèglement général de la société où, finalement, aimer semble être la dernière façon de résister.
Flammarion
Des personnages qui manquent de courage
Je n’ai ressenti aucun attachement pour les personnages au fil du roman. De manière générale, dans un livre il y a toujours un personnage qui me touche plus que les autres, qui fait écho en moi ou qui se démarque. Dans ce livre, je n’ai pas ressenti une seule fois cette sensation. Je trouve que les personnages crées par Serge Joncour manquent cruellement de courage. Je vais être tout fait sincère, ils ont eu tendance à m’agacer. Avant de vous les décrire et d’expliquer pourquoi je n’ai pas été réceptive, je précise que l’histoire amoureuse entre Aurore et Ludovic a pour toile de fond la quasi-faillite de la société créée par Aurore. Je vous les présente tel que moi je les ai perçu :
- Aurore. Ce qui m’a le plus déplu chez cette femme, c’est la désinvolture avec laquelle elle laisse sa société aller droit dans le mur, le fait qu’elle trompe allègrement son mari sans aucun remord et qu’elle entraîne dans sa chute son amant. Cette femme, n’a aucune stabilité, elle apparaît comme totalement irresponsable et insouciante. Je laisse au lecteur découvrir et interpréter comme bon lui semble le passage du lac glacé, mais ce passage reflète l’immaturité du personnage. Aurore est légère, elle laisse le soin aux autres de décider pour elle et leur laissent tirer les rênes de son existence. Elle ne fait preuve de courage à aucun moment, que ce soit pour se battre pour ce qu’elle a créé – soit sa société de mode – ou par amour. Aurore est loin d’être ce qu’on peut appeler une héroïne romantique. On ne l’imagine à aucun moment quitter son confort matériel, son statut social et vivre passionnément son amour pour l’homme qu’elle prétend aimer. Mon avis concernant ce personnage est très tranché, il est vrai que je ne lui trouve aucune qualité véritable humaine. Comme je l’ai dit au début de mon article, je ne donne que mon avis et il est évident que je conçois qu’on puisse ne pas du tout le partager. 😉
- Ludovic est un homme « simple », issu d’un milieu paysan. Il est décrit comme grand, trapu et solide physiquement, ce qui convient tout à fait pour la mission qui lui sera confiée. À défaut d’être un preux chevalier, Ludovic va endosser le rôle de bodyguard auprès de sa bien-aimée. En effet, Aurore jouera avec lui comme avec une marionnette et tirera les fils un par un le conduisant à tous les excès. Je me suis demandée si cet homme était capable du moindre self-control, de la moindre maîtrise sur lui-même ou si j’avais à faire à un tarzan des temps modernes.
- Richard – le mari d’Aurore – est un golden boy à qui tout réussi, en businessman averti il ne rencontre aucun échec. Là encore, on nage en plein cliché. Richard est absent, il n’a de cesse de passer des coups de fil aux quatre coins de la planète pour réaliser des « deals ». Le trait est forcé et n’a rien de crédible, je trouve. Égoïste et narcissique à outrance, il est aveugle aux problèmes de son épouse.
J’ai trouvé les personnages peu crédibles, ils manquaient de profondeur. Je pense que ce qui décrit le mieux mon ressenti, est qu’ils m’ont été antipathiques toute la durée du roman. Je suis assez dure, je m’en rends compte dans ma critique, mais je vous partage mon ressenti brut.
« L’histoire d’amour »
Maintenant, que je vous ai présenté les différents protagonistes – selon mon ressenti, je vais vous parler de « l’histoire d’amour » qui donne corps à ce roman. Je l’annonce sans détour : le couple que forment Aurore et Ludovic est très mal assorti et n’est pas crédible. Je n’ai pas cru une seule seconde à la sincérité de leurs sentiments. Lorsque Aurore dans un élan capricieux s’élance vers Ludovic et lui susurre qu’elle l’aime, je me suis repassée les plus belles histoires d’amour de la littérature – Jane Eyre, Anna Karénine, Roméo et Juliette… – et je me suis dit que l’amour en avait pris un sacré coup. Où sont passés les grands sentiments ? Ceux qui nous font braver vents et marées pour être auprès de celui qu’on aime ? De toute évidence, on ne les trouve pas ici. Le sentiment amoureux ne sort pas grandi de ce roman et si le couple qu’ils forment est censé incarner l’amour, alors encore vaut-il mieux s’abstenir. Leur couple est totalement asymétrique, Ludovic est la poupée d’Aurore qui exerce un contrôle total sur celui-ci. J’ai assisté à la tentative désespérée de deux personnes paumées de ne pas totalement sombrer. La construction du livre en une succession de scènes renforce le manque de fluidité dans le récit. En effet, j’avais l’impression de regarder une succession de plans sans réelle coordination, les transitions sont brusques et les scènes sans lien logique entre elles. J’ai lu plusieurs commentaires de lecteurs qui comparaient ce livre à un télé-film, je n’irai pas jusque là, mais je comprends ce qu’ils veulent dire par là. Hormis l’écriture, qui je le reconnais est très belle, je n’ai pas été transportée du tout par les personnages et leur histoire.
Conclusion
Je pense que vous avez compris que ce roman a été une déception pour moi. Je m’attendais à une magnifique histoire d’amour s’affranchissant des barrières sociales et faisant vibrer le lecteur. Malheureusement, l’histoire d’amour est bancale et peu crédible et les personnages antipathiques et agaçants. Néanmoins, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la lecture n’a pas été désagréable puisque Serge Joncour est un grand auteur. Je vais donc tout de même conseiller ce roman, qui, j’en suis sûre ravira de nombreux lecteurs plus enclins à être touchés par les personnages.
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