LITTÉRATURE FRANÇAISE

Nue sous la lune, Violaine Bérot : s’effacer sous l’emprise d’un pervers

16 mai 2019
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Nue sous la lune est un récit aussi bref qu’intense, un court roman pour dire tout l’enfer d’une vie sous l’emprise d’un pervers. La dissolution d’un être. Une disparition consentie et réfléchie. Un effacement progressif ardemment désiré pour ne plus gêner l’autre, qu’il s’épanouisse pleinement, qu’il ne subisse plus les assauts de notre stupidité, que ne l’agressent plus les sursauts de notre émotivité non raisonnée. C’est l’histoire d’une passion destructrice. D’un amour exclusif, exigeant une attention de tous les instants, dont on ressort essoré. Telle une coquille vide démantibulée. Plus elle fléchit, s’écrase devant lui, plus il irradie. Elle est venue à lui pour apprendre. Pour qu’il lui transmette son savoir. Sculpter, c’est leur métier. Mais là où elle débutait, lui excellait. Fascinée par cette façon qu’il avait de se pencher sur le travail des autres, de les considérer, elle était d’autant plus troublée par le peu d’intérêt qu’il lui manifestait. Et pourtant, il l’avait choisie. C’est elle qui partageait son lit. Alors pourquoi l’ignorer ? Se montrer si distant et indifférent ? Pour un sculpteur, c’est un comble de ne pas pétrir le corps de celle qu’il aime, le parcourir tout entier jusqu’à en connaître chaque infime secret. Il joue avec elle. L’ignore la journée, pour mieux la posséder une fois la nuit tombée. L’évite devant autrui, ne lui montre aucune marque d’affection, allant jusqu’à lui attribuer un surnom consternant de banalité, alors que dans l’intimité il lui fait comprendre qu’elle lui appartient. Qu’il ne sert à rien de lui cacher les regards et les sourires échangés avec d’autres hommes que lui. Il n’est pas dupe, qu’elle cesse de lui mentir. Son petit jeu ne prendra pas avec lui. Peu à peu, l’étau se resserre. Elle se tait pour ne pas déplaire, par peur de le gêner par des remarques qu’elle juge dénuées d’intérêt, et qui ne feraient in fine que l’humilier. Pour peu, elle retiendrait sa respiration pour ne pas déranger. Sa vie entière lui est consacrée. Elle s’oublie, jusqu’à totalement s’effacer.

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