Tout à coup il me semble pouvoir envisager d’être un homme marié et même marié à l’église et que ce peut être un sort enviable que d’enlacer toute sa vie la même femme, pas forcément pour faire quoi que ce soit, mais simplement pour être dans la même chambre.
Arnljótur a vingt-deux ans lorsqu’à l’issue d’une nuit d’amour, il devient père par accident. Son amante éphémère l’ayant assuré pouvoir se charger de la garde de l’enfant, Arnljótur quitte son foyer pour occuper un poste de jardinier dans une mystérieuse roseraie. Dans son sac de voyage, il glisse – délicatement emmaillotées dans du papier, des boutures de Rosa Candida : une variété très rare de rose à huit pétales dépourvue d’épines, qu’il a l’intention de cultiver. Le Merveilleux Jardin des roses célestes est un lieu plébiscité pour la rareté des variétés des roses exposées. Nichée au cœur du jardin des moines, cette enclave célébrée pour sa beauté, est dissimulée entre les quatre murs de pierre d’un monastère qui se dresse en haut d’un rocher, au cœur d’un village reculé. Arnljótur quitte pour la première fois son foyer, son vieux père aimant de soixante-dix ans, Josef, son frère jumeau retardé, et Flora Sól, sa toute petite fille encore bébé, conçue dans la roseraie de sa maison. Un lieu où tout semble se cristalliser. Seul et légèrement désœuvré par la tournure des évènements, Arnljótur espère, en s’éloignant, démêler les fils de sa nouvelle situation. Pour cela, il sera aiguillé par frère Thomas, un abbé cinéphile persuadé que les films détiennent la clé des épreuves que la vie tend à nous imposer. Dans ce texte pudique d’une infinie délicatesse, l’autrice islandaise, Auður Ava Ólafsdóttir, explore avec douceur l’éclosion du sentiment amoureux. Illustrant magnifiquement le lent glissement des sentiments, l’attachement qui peut naître entre deux êtres qui, suite à un geste tendre, un regard légèrement différent que l’on surprend avec étonnement, se meut en un amour grandissant. Réunis tous les trois sous le même toit : père, mère et enfant, vont voir leur quotidien évoluer et se découvrir mutuellement. Tout simplement exquis.
Mon appréciation : 4/5
Date de parution : 2007. Grand format et poche aux Éditions Zulma, traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson, 288 pages.
Qu'en pensez-vous ?