Le roman Summer signé Monica Sabolo, dont la sortie est prévue pour le 23 août 2017, fait partie de la sélection de romans en lice pour le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018. Ayant été sélectionnée par la magazine ELLE pour faire partie du jury de septembre, j’ai eu la chance de le découvrir en avant-première. Par conséquent, je vais pouvoir vous donner mon ressenti concernant cet ouvrage dès maintenant. Premier avertissement, Summer est un roman sombre ! Si vous souhaitiez découvrir une lecture estivale, légère et solaire, je vous conseille de passer votre chemin 😉 L’ouvrage porte le prénom d’une jeune fille issue de la haute société genevoise portée disparue l’été de ses 19 ans. Cette disparition eut lieu au cours d’un pique-nique entre amis auquel son frère participait. Monica Sabolo donne la parole au frère cadet de Summer, Benjamin. On retrouve Benjamin 25 ans plus tard tiraillé par l’incompréhension et les souvenirs. L’enjeu du roman de Monica Sabolo est d’aborder le manque lié à l’absence d’un être aimé, ainsi que les mécanismes psychologiques qui se mettent en place dans l’esprit de celui qui reste. Le sujet traité aurait pu être passionnant, la disparition énigmatique d’une jeune fille cachant derrière ses airs de petite bourgeoise parfaite une personnalité bien plus complexe qu’elle n’en a l’air. L’auteur aurait pu prendre le parti de décortiquer le personnage pour nous offrir un roman psychologique puissant. Elle aurait également pu décider de faire de Summer une intrigue policière psychologique. Mais ce n’est pas le cas et le résultat je dois l’avouer m’a beaucoup déçue… 🙁 Il n’est jamais agréable de réaliser une critique négative puisque j’ai conscience que la rédaction d’un roman nécessite du temps, du travail et de l’énergie. Je vais donc tâcher de me montrer la plus précise possible dans les arguments que j’avancerai et qui serviront à étayer mon avis.
Résumé
Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, Summer, dix-neuf ans, disparaît. Elle laisse une dernière image : celle d’une jeune fille blonde courant dans les fougères, short en jean, longues jambes nues. Disparue dans le vent, dans les arbres, dans l’eau. Ou ailleurs ?
Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est submergé par le souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse, et réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les apparences.
Comment vit-on avec les fantômes ? Monica Sabolo a écrit un roman puissant, poétique et bouleversant.
Éditions JC Lattès
Un sujet de roman prometteur…
Summer a dix-neuf ans lorsqu’elle disparaît au cours d’un pique-nique auquel participe ses meilleures amies et son frère. Jeune fille gracile et gracieuse, elle incarne toutes les promesses de la jeunesse. Le roman s’ouvre sur les rêves dans lesquels apparaît Summer et qui hantent les nuits de Benjamin. Il évoque son incapacité à exercer sa profession et son besoin de consulter afin de trouver les réponses aux questions qui lui rendent la vie insupportable 25 ans après la disparition de sa soeur. Il nous dépeint le monde dans lequel il évolue : fait de paillettes, un monde enclin aux mensonges, à la dissimulation et aux non-dits. Ces parents appartiennent à un cercle de gens fortunés qui cumulent la beauté, le pouvoir et la richesse. Dans ce monde de privilégiés Benjamin détonne. Tant par son physique disgracieux que par son attitude, il ne parvient pas à se fondre dans le décor. Il tente en donnant un aperçu de sa vie au lecteur de comprendre ce qui l’empêche d’avancer depuis tout ce temps. Ce qui le pousse à s’infliger des blessures physiques en y prenant un plaisir malsain. Cette perversité tapie au fond de lui et qu’il s’évertue à dissimuler le ronge. Il tente avec l’aide du docteur Traub de la comprendre pour mieux la soigner.
…mais qui s’est avéré décevant
En effet, tous les ingrédients sont présents pour que ce roman soit à la fois puissant et magistral. Les descriptions de ce milieu où l’argent règne en maître auraient pu être corrosives. L’intrigue policière et psychologique aurait pu s’avérer haletante. Mais cela ne prend pas. Le récit est plat. L’écriture est agréable mais neutre. Il n’y a pas d’alternances rythmiques. Les phrases sont longues, ce qui ne permet pas au récit d’être percutant. Le ton utilisé est le même de la première page à la dernière. Les révélations de la fin du roman arrivent comme un cheveu sur la soupe. Il n’y a aucune tension annonçant ce qui aurait du frapper le lecteur. Summer n’est pas un roman psychologique haletant. Tout le roman tourne autour de Benjamin et de sa personnalité névrotique sadomasochiste. De sa relation ambiguë avec sa soeur auquel il voue un culte malsain. Je ne me suis attachée à aucun personnage et passé un certain nombre de pages, je n’avais plus très envie de découvrir ce qui était arrivé à cette famille…
Une succession de clichés
La personnalité des personnages centraux – la mère, le père, le fils et la fille – est une accumulation de clichés. Au fil des pages, j’attendais que se manifestent des éléments permettant d’étoffer la description faite au début de l’ouvrage des personnages, et malheureusement rien n’est arrivé. Les membres de cette famille glaciale et glaçante, ne sont dotés d’aucune profondeur psychologique. Aucune particularité permettant de les rendre singuliers. La mère est d’une incroyable froideur, comme toute femme de businessman ou d’avocat riche et véreux qui se respecte. Mondaine, dénuée d’humanité, elle n’a qu’un rôle accessoire. Mère défaillante, dotée d’aucune sympathie, elle est dénuée d’une quelconque aspérité psychologique. Sans aucune consistance, cette femme est vide, creuse, une coquille vide en somme. Toutefois, une belle coquille semble-t-il. Le père, Thomas Wassner, est un avocat véreux, qui faute de défendre la veuve et l’orphelin, défend les intérêts des riches et des puissants… Véritable carnassier, il incarne l’homme viril dans toute sa splendeur, le père absent et dur, l’homme charismatique et séducteur. Je vous joins le passage qui se situe page 37. Vous retrouverez disséminé dans le roman un florilège du même acabit que la citation que j’ai relevée.
[…] Thomas Wassner, bien entendu, cet avocat qui défendait des hommes politiques, des oligarques ou des évadés fiscaux, toutes sortes de personnalités clinquantes qui semblaient narguer les lois, et le monde, et auxquelles il avait fini par ressembler. Mais il s’agissait aussi de ma mère, qui était plus belle et insaisissable que toutes les autres mères […].
Summer incarne tous les stéréotypes de la fille riche, belle et brillante. Bien éduquée, de bonne famille, elle cache en réalité de sombres secrets, des comportements d’adolescente dévergondée. Ainsi, elle enchaîne les conquêtes masculines pour manifester son désespoir… Summer évoque une lolita sans aucune profondeur. Ou ces étudiantes américaines, pom-pom girl, qui éveillent le désir de tous les hommes mais sont en réalité terriblement meurtries. Si vous avez déjà vu la série Pretty Little Liars, vous voyez très bien de quoi je parle. Je précise pour ceux qui ne connaissent pas cette série, que ce n’est pas vraiment un compliment.
Conclusion
Summer a été le premier livre que j’ai lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle 2018, et malheureusement ce fut une déception. Je ne parviens pas à percevoir la visée de Summer, ce que Monica Sabolo a cherché à communiquer à travers ce récit… Si certains d’entre vous décident de lire ce roman, j’aimerais beaucoup connaître vos avis afin de comprendre ce que j’ai loupé.
Ouvrages en lice pour le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018 jury de septembre :
Catégorie « Romans » :
- Summer, Monica Sabolo
- Ma reine, Jean-Baptiste Andrea
- Notre vie dans les forêts, Marie Darrieussecq
Catégorie « Polars » :
- Inavouable, Zygmunt Miloszewski
- Le diable en personne, Peter Farris
Catégorie « Documents » :
- La tête et le cou, Maureen Demidoff
- Un jour, tu raconteras cette histoire, Joyce Maynard
>>> RENTRÉE LITTÉRAIRE 2017 (#RL2017)
>>> GRAND PRIX DES LECTRICES DE ELLE 2018
Virginie
juillet 5, 2017Même ressenti chez moi et beaucoup de points communs avec ta critique ! Je n’avais pas aimé Crans Montana et on retrouve les mêmes clichés dans ce nouveau roman…J’ai aimé le personnage de Benjamin sans pour autant ressentir d’empathie.
Très mitigée moi aussi…(jury de septembre comme toi)
Books'nJoy
juillet 8, 2017Je pense que le manque total d’attachement aux personnages et le fait de n’avoir ressenti comme tu le dis aucune empathie et sympathie envers Benjamin et Summer, a rendu ma lecture laborieuse…
Je n’ai pas lu Crans Montana, mais je compte essayer d’autres ouvrages de cette auteure pour avoir une vision plus globale de son oeuvre. On ne sait jamais, on n’est pas à l’abri d’une belle surprise 😉
N’hésite pas à commenter sur le blog ou sur Instagram, ou même à m’envoyer des messages pour échanger sur les ouvrages que l’on recevra tout au long de l’année 🙂