« Tu dois comprendre, petite, que tu vas plonger au cœur d’une guerre qui dure depuis des temps immémoriaux. Une guerre entre ceux qui fabriquent et ce qui est fabriqué, entre ceux qui possèdent et ceux qui sont possédés. » Il y a des milliers d’années, une civilisation parvenue à un degré de développement avancé s’est effondrée. De ses vestiges ont été exhumées des notes relatives à l’art de l’enluminure. Une technique permettant en gravant des séries de sceaux complexes sur les objets de négocier les frontières de la réalité. Tevanne, ville plutocrate divisée en quatre cités-marchandes, s’est bâtie sur cette technologie. L’équilibre politique y est fragile, puisque corrélé aux progrès de chaque grande famille dans le maniement de la magie. Dans cet univers corrompu, une orpheline échappée d’une plantation d’esclaves est mandatée par un inconnu pour dérober un mystérieux objet. Une clé en or forgée à partir d’expériences abominables, de rites mystiques hiérophantiques, de sorcellerie et de sacrifices humains. L’enluminure d’êtres vivants a beau être prohibée, Sancia a vissée dans la tête une plaque de métal gravée, lui octroyant le pouvoir de communiquer au toucher avec les objets enluminés. Un don qu’elle seule possède, la contraignant à la solitude et à la marginalité. Le paiement recouvrant le montant d’une opération pratiquée par un physiquere pour la lui retirer, Sancia accepte la mission sans soupçonner qu’elle n’est qu’un pion à sacrifier. Pour échapper aux milices armées, la jeune femme devra faire équipe avec l’héritier du clan Dandolo, l’hypatus Orso – un éminent sorcier mal luné – et Bérénice – une enlumineuse surdouée. Et, bien sûr, avec son ami Clef, qui s’avérera un allié de poids dans la guerre engagée contre les puissants. Premier tome flamboyant d’un cycle d’heroic fantasy mêlant arcanepunk et technomagie, Les maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett ensorcèle par son worldbuilding (= élaboration d’un monde imaginaire/univers fictionnel) innovant, son système magique élaboré et ses héroïnes féminines révoltées, tout en alertant sur les dangers liés à la manipulation de la réalité.
Toute innovation qui accorde davantage de pouvoir aux individus finit inévitablement par en accorder beaucoup, beaucoup plus aux puissants.
Tribuno Candiano,
Lettre à l’assemblée des principaux officiers de la compagnie Candiano
Mon appréciation : 4/5
Date de parution : 2021. Éditions Albin Michel, Collection Albin Michel Imaginaire, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Philibert-Caillat, 604 pages.
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