« Tu sauras que tu es sur le bon chemin, Mimo, quand tout le monde te dira le contraire.
– Je préférerais plaire à tout le monde.
– Bien sûr. C’est pour ça qu’aujourd’hui tu n’es rien. »
À peine sorti du ventre de sa mère, Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, présente un problème de taille, un « piccolo problema ». Atteint d’achondroplasie, Mimo devra capitaliser sur son talent et la rage de vaincre, propre à ceux que le destin a lésés pour compenser son infirmité. Orphelin de père, Mimo est confié à un homme rustre, qui lui enseignera les rudiments de la sculpture sur marbre dans son atelier de Pietra d’Alba. Un petit village au pied des Alpes, dans la région du Piémont au Nord de l’Italie, où vit l’illustre famille Orsini. Au détour d’un chantier, le jeune apprenti rencontre leur fille Viola. Tempérament incandescent, silhouette androgyne, yeux sérieux, qu’un éclair vif traverse, trahissant une compréhension fine des contraintes que son sexe lui imposera toute sa vie. Son intelligence ne pouvant éclater, Viola éprouve sa liberté autrement. Se construit en cachette, prenant au pied de la lettre son désir de s’élever en se jetant sous les yeux d’un public médusé du toit de la villa le soir de ses fiançailles avec le rejeton d’une famille fortunée. En Mimo, elle reconnaît son alter ego. Comme elle, il connaît cette sensation d’empêchement. Un quotidien à manœuvrer serré entre sa conscience et les revirements historiques d’une société catholique, patriarcale et machiste. Leur amitié sera mise à l’épreuve de deux guerres mondiales, de l’ambition de Mino – génie artistique au service d’un régime fasciste – et des rêves brisés de Viola coincée entre les mondanités de sa mère et les ambitions militaires et ecclésiastiques de ses frères. Enlisés dans des rôles de composition, c’est chez l’autre qu’ils puiseront la force de résister et le courage de se révolter. Jean-Baptiste Andrea tisse une belle histoire d’amitié au souffle romanesque, faisant traverser au lecteur les années noires de l’Italie de Mussolini à travers l’ascension d’un sculpteur de génie et celle empêchée d’une femme aspirant sa vie durant à s’extraire des limites de sa féminité.
Mon appréciation : 3,5/5
PRIX DU ROMAN FNAC 2023
Date de parution : 2023. Grand format aux Éditions de L’Iconoclaste, 592 pages.
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