« Nous ne nous dirons jamais ce que nous ne nous sommes pas dit, mais pour moi il a suffi de te savoir à l’autre bout de ces kilomètres de voie ferrée. Tu attends, tu ne pars pas. » 1946 en Italie, la guerre a fait place à la misère. Les gamins se coursent dans les ruelles de Naples, repeignent des rats les faisant passer pour des hamsters pour les vendre sur les étals des marchés, engoncés dans des vêtements rapiécés et des souliers élimés. Mère célibataire, Antonietta peine à joindre les deux bouts alors que son époux parti faire fortune en Amérique ne semble pas disposé à rentrer et son fils aîné est décédé. Lorsque le parti communiste offre la possibilité aux enfants défavorisés d’être placés le temps d’un hiver dans des familles plus nanties du Nord de l’Italie celle-ci s’en saisit. Comme des dizaines d’autres enfants – craignant comme lui d’être envoyés en Russie, Amerigo Speranza monte dans le train, ignorant alors que ce voyage est la première étape du chemin qui lui fera épouser un tout autre destin. Une vie aux antipodes de celle qu’il a toujours connue, auprès d’une mère peu encline aux gestes de tendresse et aux démonstrations d’affection. Mais qui par amour pour son enfant a consenti à un sacrifice d’une violence inouïe. À Bologne les enfants sont répartis entre les familles. Auprès de Derna, Rosa, Alcide, Rivo, Luzio et Nario – sa famille d’adoption, Amerigo voit ses horizons s’élargir et son monde s’enrichir. Une autre vie s’ouvre à lui. Il se met à espérer troquer le métier de savetier auquel il est destiné pour le maniement de l’archet. Loin de son foyer, les souvenirs s’effacent, que d’autres remplacent. Le voyage de retour à Naples auquel il aspirait, il se met à le redouter, tiraillé entre ses deux identités. Comment renouer avec sa vie d’avant, reprendre un quotidien étriqué aux possibilités limitées, maintenant qu’il sait qu’une vie meilleure l’attend ? Dans ce roman doux et lumineux, Viola Ardone explore un pan méconnu de l’histoire de l’Italie et nous offre un roman touchant à hauteur d’enfant.
Date de parution : 2021. Éditions Albin Michel, traduit de l’italien par Laura Brignon, 304 pages.
HISTORIQUE
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