Il y a 80 ans, le 27 janvier 1945, le camp d’extermination d’Auschwitz, était libéré par l’armée russe. Les premières images : la découverte des squelettes entassés, des chambres à gaz, des ultimes survivants décharnés revêtus d’une simple blouse rayée, des fosses communes, des atrocités commises au nom d’une idéologie fondée sur la suprématie de la race aryenne, sont restées gravées. Plus grand camp d’extermination nazi, le complexe d’Auschwitz était entièrement dévoué à la “Solution Finale” élaborée par Eichmann. Avec ses 1,1 millions de morts, dont 1 million de Juifs, Auschwitz incarne le symbole de l’horreur absolue. Du progrès mis au service de la barbarie, d’une part, puisqu’il s’agissait de perfectionner les méthodes d’extermination afin de hisser le rendement à un niveau industriel. Ce qui a fait d’Auschwitz le symbole d’une civilisation allemande totalement dévoyée. D’autre part, l’existence des camps soulève la question du “mal radical”. Hannah Arendt s’emparera de cette interrogation philosophique lors du procès d’Eichmann à Jérusalem en 1961 et théorisera le concept de “Banalité du mal”. Réfutant l’idée, rassurante quelque part, d’un mal absolu, au profit d’un constat bien plus troublant et inquiétant que le mal ordinaire existe en chacun de nous et que le basculement s’opère non pas en raison de la nature profonde des hommes, soit d’une inclination naturelle à être un criminel, mais du « manque de pensée, signe d’une conscience éteinte ». L’autorité en annihilant sa faculté de jugement moral rend l’homme manipulable et exploitable. Dès lors, chaque être est un bourreau en puissance. Alors sur quels critères s’appuyer pour distinguer les hommes bons des mauvais ? Comment être sûr de soi ? Ces questions vertigineuses autour de l’essence même de la nature humaine me passionnent, puisque la Shoah a révélé l’extrémité à laquelle le système peut pousser un peuple entier. Lire permet de comprendre les mécanismes à l’œuvre, et une fois mis à nu, faire en sorte que cela ne se reproduise jamais. Fil rouge de mes lectures, la Shoah occupe une grande partie de ma bibliothèque. En voici un échantillon.
{Sélection spéciale} : Lire sur la Shoah pour le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz

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