Sonder le cœur de l’être aimé…avec la poésie lyrique et exaltée de Rabindranath Tagore (Prix Nobel de littérature 1913) ♥️
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Votre regard anxieux est triste. Il cherche à connaître ma pensée.
La lune aussi veut pénétrer la mer.
Vous connaissez tout ma vie, je ne vous ai rien caché. Voilà pourquoi vous ignorez tout de moi.
Si ma vie était une gemme, je la briserais en cent morceaux, et de ces parcelles, je vous ferais un collier que je mettrais à votre cou.
Si ma vie n’était qu’une fleur, douce et menue, je la cueillerais de sa tige pour la poser dans vos cheveux.
Mais elle est un cœur, mon aimée. Où sont ses limites ?
Vous ne connaissez pas les bornes de ce royaume et cependant vous en êtes la reine.
Si mon cœur n’était que plaisir, vous le verriez fleurir en un sourire heureux et vous le pénétreriez en un instant.
S’il n’était que souffrance, il fondrait en larmes limpides, reflétant sans un mot son secret.
Mais il est amour, ma bien-aimée.
Son plaisir et sa peine sont illimités, sa vie, sa misère et sa richesse sont éternelles.
Il est aussi près que votre vie même, mais jamais vous ne le connaîtrez tout entier.
PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 1913
Date de parution : 1935. Collection Poésie Gallimard, Trad. de l’anglais (Inde) par Henriette Mirabaud-Thorens et Mme Sturge Moore, 216 pages.
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