« Eh bien… je n’arrive pas à le dire clairement, mais il y a un lien entre le bazar Namiya et le foyer Marukōen. Comme un fil invisible. J’ai l’impression que quelqu’un dans le ciel s’en sert pour tout manipuler. » La nuit du 12 au 13 septembre 2012, Atsuya, Kōhei et Shota vont effectuer un voyage dans le temps. Après un cambriolage ayant mal tourné, les trois adolescents trouvent refuge dans une bicoque délabrée. L’atmosphère y est singulière. La densité de l’air légèrement plus élevée. D’ailleurs, entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment, le temps s’écoule différemment. Dans ce lieu nimbé de mystère, le propriétaire, monsieur Namiya, a répondu pendant des années aux courriers d’inconnus ayant perdu leur chemin ou soumis à des dilemmes personnels cornéliens. Le procédé était simple, l’anonymat conservé : la lettre déposée dans la fente du rideau métallique recevait une réponse le lendemain matin dans la boîte à lait. Afin de reposer l’âme en paix, le propriétaire avait prévu qu’au trente-troisième anniversaire de sa disparition, le bazar reprendrait du service. Une nuit seulement. Au cours de laquelle, tous ceux ayant bénéficié de ses conseils dans les années 80 sont invités à lui écrire si son avis leur a servi et si la trajectoire qu’a pris leur vie depuis s’en est ressentie. Ignorant tout de ce rendez-vous du calendrier, les délinquants du foyer Maruoköen plongent dans une faille spatio-temporelle et se prêtent au jeu de répondre aux sollicitations qui leur sont adressées, réalisant avec stupéfaction que, tel un effet papillon, les conseils dispensés bouleversent le cours des événements, mais également que tous leurs correspondants semblent étroitement liés au foyer. Dès lors, la présence des trois amis en ce lieu mystérieux est-elle le fruit du hasard ou plutôt l’acte volontaire d’un vieillard malicieux ? En apportant une touche de fantastique à ce conte initiatique, ponctué par les échanges épistolaires entre un groupe d’adolescents paumés et des êtres esseulés appartenant au passé, Keigo Higashino nous offre un roman japonais savoureux plein d’humanité.
Mon appréciation : 4/5
Date de parution : 2012. Éditions Actes Sud, collection de poche Babel, traduit du japonais par Sophie Refle, 384 pages.
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