L’anomalie, prix Goncourt 2020 ? À mi-chemin entre la science-fiction, l’anticipation, la dystopie, le thriller, une série américaine au scénario calibré et un pastiche français, rien ne prédestinait le roman d’Hervé Le Tellier à rafler le plus prestigieux des prix littéraires français. Son pedigree aurait du l’exclure d’office des listes. Et pourtant… Les membres du jury semblent s’être concertés pour distinguer une œuvre ROMANESQUE, la victoire de l’imagination sur l’autofiction, l’exofiction, la bio romancée… bref le moi décliné jusqu’à plus que satiété. Puisque c’est de cela qu’il s’agit au fond. Depuis des années, les tables des libraires croulent sous le poids du « JE » tout-puissant. Du nombrilisme français le plus exacerbé. Corolaire du marasme ambiant ou simplement de l’incapacité de certains à s’extraire de leur « JE » étriqué et pas forcément très intéressant ? Cette fois-ci, s’en est fini, il semblerait. Si la littérature étrangère regorge de romans captivants, de fictions où triomphent l’imagination et d’intrigues travaillées à la perfection, il était temps que le roman français décide d’en faire tout autant et de laisser de côté apitoiement et ressentiment. Merci Hervé Le Tellier et l’académie Goncourt d’élargir les horizons du « moi » autocentré !
Date de parution : 2020. Éditions Gallimard, 336 pages.
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