« Je ne me sentais pas noire, je ne suis devenue noire qu’en arrivant en Amérique. » Best-seller traitant de la question afro-américaine, ayant propulsé l’autrice féministe nigériane Chimamanda Ngozi Adichie sur le devant de la scène littéraire, Americanah tient davantage du produit marketing bien calibré. Si le potentiel est là, il faut voir comment celui-ci est exploité. Une jeune femme originaire du Nigéria rentre dans un salon de coiffure afro aux États-Unis, pays où elle a passé quinze ans de sa vie. Le temps que dure le coiffage, Ifemelu remonte le fil de ses souvenirs. Son amour de jeunesse Obinze resté à Lagos, avec qui elle a coupé net du jour au lendemain sans donner d’explications, sa lente adaptation, l’obtention du graal : la green card, la création de son blog sur la race, puis la nostalgie du pays et son désir d’y retourner. En creux, l’élection d’Obama, les espoirs de la communauté noire, les hommes fréquentés et son grand amour qu’elle n’a jamais oublié. Après avoir lu Richard Wright, Toni Morrison, James Baldwin ou Octavia E. Butler, Americanah m’a paru un amoncellement de clichés, de dialogues creux, que ne rattrape pas une histoire d’amour fleur bleue. La teneur féministe du roman m’a échappée. Les femmes multiplient les artifices pour séduire des hommes qui, de leur côté, accumulent de l’argent. Quant au style, il est inexistant. Les articles de blog insérés dans la narration ne nous apprennent rien qui n’est déjà su, ce qui rend d’autant plus incongru son succès fulgurant. La question de l’identité afro-américaine, l’impression de devoir renoncer à une partie de soi pour s’intégrer, la solitude liée à l’exil et la perte de repères consécutive au déracinement, le racisme et l’échec du multiculturalisme, l’héritage de la ségrégation, la structure pyramidale des origines raciales aux États-Unis et le système de privilèges en découlant, sont des sujets très intéressants qui ont fait l’objet de bien meilleurs romans. Alors, oui, ça se lit facilement, mais 700 pages de bla-bla, qu’est-ce que c’est looonnggg !
Mon appréciation : 2,5/5
Date de parution : 2013. Grand format aux Éditions Gallimard, poche aux Éditions Folio, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Damour, 704 pages.
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