« Il vivait ; c’était ce qui comptait. Et il vivait intensément. […] Il n’existait que cette fois, cet unique temps bien défini dont Jeff ne pouvait connaître ni la direction ni l’aboutissement. Il n’en gaspillerait pas un seul instant. N’en tiendrait pas un seul instant pour acquis. […] Sa vie dépendait de lui, et de lui seul. Les possibilités étaient infinies et il le savait. » 1988, New York. À 43 ans, Jeff s’effondre sur son bureau terrassé par une crise cardiaque. À son réveil, en 1963, dans sa chambre sur le campus de l’université d’Atlanta, Jeff a de nouveau 18 ans. Les 25 dernières années, et ce qu’elles ont compté d’échecs : un mariage raté, le goût amer d’une carrière à l’arrêt, se sont envolés. La promesse de tout recommencer différemment, riche des enseignements tirés de sa précédente vie, s’offre à lui. Puisque Jeff n’a rien oublié des compromis médiocres auxquels il a consenti, faute d’avoir pris le risque de vivre pleinement. Que fera-t-il de cette chance d’impulser une nouvelle direction à sa vie ? Avec à l’esprit que chaque choix fait individuellement implique une concession d’un autre côté et pour la collectivité un autre agencement de la réalité. Plus que tout, cette question lancinante, que nous nous sommes tous au moins une fois posée, ne cessera de le hanter : quelle est la meilleure manière de vivre sa vie ? À travers l’acharnement vain de Jeff à comprendre le voyage solitaire dans le temps auquel il est condamné, Ken Grimwood nous invite dans ce roman d’anticipation brillant à prendre conscience de la valeur du temps vécu et du nombre infini de possibilités à explorer dans une vie. Construit sur une variation du Mythe de Sisyphe, Replay explore – en rejouant différents moments de vies compris dans une boucle spatio-temporelle de 25 ans – des interrogations existentielles : l’absurdité de la vie, la peur de passer à côté et la nécessité de chercher des réponses à jamais en suspens au lieu de se laisser porter vers une direction inconnue en gardant à l’esprit que seul un temps limité nous est octroyé. Écrit en 1988, ce livre culte se dévore tout en véhiculant un message qui infuse dans le temps.
Mon appréciation : 4/5
Date de parution : 1986. Poche aux Éditions Points, traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise et Guy Casaril, 432 pages.
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