Max et la grande illusion est un premier roman réussi, qui, sur un ton faussement léger aborde l’enfer de la Shoah. L’effroi pointe sous l’apparente légèreté dans un récit pétillant et emprunt d’humour. Nous sommes en Europe centrale, à Prague, à l’orée de la seconde guerre mondiale. Mosche Goldenhirsch, fils de rabbin – ou du voisin du dessus, sa filiation n’ayant jamais été clairement élucidée – fugue du domicile familial. Quelques jours auparavant, une rencontre a bouleversé sa vie. La princesse Ariana, officiant dans un cirque itinérant, l’a littéralement subjugué par sa beauté. La découverte du monde du spectacle, de l’univers de la magie et de l’illusion a agi comme une révélation sur le jeune garçon habitué à vivre dans l’austérité de l’enseignement hébraïque. Ressorti émerveillé de la prestation, il n’aspire qu’à une chose, rejoindre le Cirque magique. Susciter l’admiration et maintenir l’illusion. De cette exaltation, naîtra sa vocation. Pour cela, face à la montée du nazisme et à l’antisémitisme ambiant, Mosche Goldenhirsch disparaîtra pour laisser place au Grand illusionniste Zabbatini, venu des confins de la Perse. Un demi-siècle plus tard, un jeune garçon dénommé Max Cohn fait la douloureuse expérience du principe de réalité. Mom et Dad, qui ne cessent de se disputer – le point névralgique de leurs désaccords étant principalement une obscure prof de yoga particulièrement souple – lui annoncent qu’ils vont divorcer. Son univers vole en éclats. Jusqu’à ce qu’il fasse une découverte qui va tout changer. Max trouve, tombé d’un carton de déménagement, un vieux vinyle ayant appartenu à son père. Sur la pochette de ce vinyle figure la photo du Grand Zabbatini ! Ce dernier promettant détenir la formule de l’amour éternel. Il n’en fallait pas plus pour que l’imagination du petit Max s’emballe. Cette découverte est une véritable aubaine, Max y voit là le moyen de réconcilier ses parents et de résoudre tous ses soucis. Petit bémol, le disque est rayé. Ni une, ni deux Max part à la recherche de l’illustre magicien bien décidé à obtenir la formule magique.
Un conteur est né !
Avec Max et la grande illusion, Emanuel Bergmann signe un premier roman addictif. Une fois entamé, impossible de le lâcher ! Une lecture réjouissante parfaitement de saison. La rentrée littéraire 2017 a été particulièrement sombre, laissant peu de place aux récits fruits de l’imagination des auteurs. La tendance actuelle veut que le réel prenne le pas sur la fiction. Avec Max et la grande illusion, l’auteur allemand rééquilibre la balance et nous en met plein les yeux. Le rythme est soutenu, l’intrigue bien ficelée, les personnages attachants, et ça fait du bien. Max et la grande illusion n’est pas forcément un grand roman, l’écriture est fluide mais le style manque de caractère, néanmoins c’est un très beau roman. On se laisse porter par la plume de l’auteur. Le cynisme du Grand Zabbatini, devenu un vieillard aigri, se marie à merveille avec la candeur du jeune Max prêt à tout pour rabibocher ses parents. Les deux compères forment un duo détonnant et attachant.
Un ton enjoué pour mieux cacher une réalité difficile à évoquer
Sous couvert du ton enjoué qui rythme le récit, se dessine une réalité cruelle. Celle de la Shoah, des camps de concentration, des rafles et de la délation. Avec Max et la grande illusion, le lecteur suit deux destins en parallèle, amenés à se croiser. Le Grand Zappatini découvrira que l’on ne peut nier indéfiniment qui l’on est, les événements se chargeront de lui rappeler le petit garçon qu’il a été. Le monde merveilleux dans lequel il s’était réfugié ne pourra le protéger, l’histoire finit toujours par nous rattraper. Si Zabbatini en vieillard désabusé de la vie, fait figure du clown triste – porté sur les club de striptease, il s’efforcera de maintenir l’illusion, l’enchantement dans les yeux du jeune garçon. Laissant ainsi le charme de la magie opérer une dernière fois avant que la dureté de la réalité ne lui soit révélée.
Conclusion
Max et la grande illusion est un premier roman qui nous entraîne dans l’univers merveilleux de l’art de la magie, où un jeune garçon croit encore au pouvoir miraculeux des mots prononcés par un grand magicien. Le duo de choc formé par le Grand Zappatini et le petit Max est doté d’un charme fou. Nous entamons avec eux un voyage à travers l’Europe centrale, à un moment de l’histoire où l’enchantement a cédé la place à l’horreur.
>>> RENTRÉE LITTÉRAIRE 2017 (#RL2017)
PREMIER ROMAN
Qu'en pensez-vous ?