« Elle savait ce qu’on attendait d’elle. […] une révision de sa déposition, un acte d’expiation. » Ian McEwan est un écrivain de génie ! Dans ce roman à la construction virtuose, où la fiction et le réel se télescopent subtilement, l’écrivain britannique explore la liberté que lui confère son statut de romancier. Tel un démiurge tout-puissant capable d’infléchir la réalité. Angleterre, 1935. À treize ans, Briony n’a aucun doute quant à sa vocation et s’apprête à montrer l’étendue de son talent en faisant jouer une pièce qu’elle a composée pour le retour de son frère aîné. L’été est caniculaire, l’atmosphère saturée. Les acteurs inconscients qu’une machination est en train de se tramer et que le crime sur le point d’être commis supplantera la tragédie composée par Briony. Avec un sens aigu du détail, des profils psychologiques brossés dans toute leur ambiguïté et un talent fou pour la mise en scène, Ian McEwan plante le décor. Chaque protagoniste se place de telle sorte à ce que, suivant une mécanique implacable, le drame que l’on sent affleurer ne puisse être évité. Conséquence inéluctable de la personnalité de ceux qui l’ont provoqué. Retranchée dans la maison où elle rumine l’échec cuisant des répétitions, Briony surprend une scène troublante entre sa sœur et Robbie – le fils de leur domestique – qu’elle déchiffre à travers le prisme de ses émotions. Voyant dans chaque action matière à nourrir son imagination. Plus tard dans la soirée, après avoir remis un message qui n’aurait pas dû être distribué, elle surprend à nouveau le couple dans une position inconfortable à la dimension érotique indubitable. Grisée par le sentiment d’entrer dans le monde des grands et d’avoir été le témoin privilégié d’un acte révoltant, Briony pose un jugement altéré sur les événements et condamne un innocent. Une faute qu’une vie à expier ses péchés ne suffit pas à racheter. Rongée par la culpabilité, Briony se servira de son métier de romancier pour enfin trouver la paix en réparant ce qui a été brisé. Une réflexion éblouissante sur le pouvoir de création et une déclaration d’amour à la fiction.
Date de parution : 2001. Grand format aux Éditions Gallimard, poche chez Folio, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Guillemette Belleteste , 496 pages.
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