« Cette nuit, vous n’êtes plus juifs. C’est votre seconde naissance et vous ne venez de rien. Inventez-vous un passé, celui que vous voudrez, mais qui soit chrétien. Et ainsi vous vivrez. » En 1472, en Cantabrie, deux frères : Yehohakim Cocia, l’aîné, et Yehohanan, le cadet, doivent fuir en faisant la promesse de ne jamais chercher à se retrouver. Un pogrom s’annonce. Pour y échapper, ils endossent une nouvelle identité. Seul témoin de leur judéité : un triangle doré, une moitié de l’étoile à six branches que leur mère a dissimulée dans leur habits. Yehohakim se réinvente en Joaquín, médecin en Saxe, où il accompagnera les grandes avancées scientifiques de son siècle – notamment les premières autopsies sur cadavres effectuées dans la clandestinité. Son chemin croisera celui du jeune moine allemand Luther, initiateur de la réforme protestante. Tandis que Juan, converti, sillonnera les océans, côtoiera Christophe Colomb, cartographiera le Nouveau Monde, que les grandes puissances européennes ne tarderont pas à coloniser. Deux destins en miroir entrelaçant les grands bouleversements géopolitiques, géographiques, sociaux, religieux et artistiques de la Renaissance à travers l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Amérique avec un crochet par l’Algérie. Forte de sa formation en histoire de l’art, spécialiste de la peinture de la Renaissance, Nadeije Laneyrie-Dagen nourrit son propos de références historiques précises, encyclopédiques. Cela, suffit-il à faire d’un roman historique dense une grande fresque épique ? Encore faudrait-il que la promesse de départ soit tenue, que les trajectoires des deux frères se répondent, convergent au fil du récit. À la page 488, où j‘ai abandonné, la perspective d’un tel dénouement peine à se dessiner. Les 150 premières pages se lisent avec curiosité, l’intrigue se pose, promet un grand roman d’aventures, des manipulations politiques, des bouleversements idéologiques, puis retombe, faute de souffle suffisant, s’étiole, se perd dans des affaires de second plan. L’étoile brisée bute sur des impasses stylistiques et narratives, se traduisant par une tentative maladroite de maquiller en roman un essai.
Mon appréciation : 3/5
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