Virtuose, hypnotique, envoûtant…Le Complexe d’Eden Bellwether de Benjamin Wood est un roman d’atmosphère nimbé de mystère, qui s’inscrit dans la lignée des grands maîtres du campus novel anglo-saxons, tels que Donna Tartt ou David Lodge. Un texte d’une telle maîtrise et tension narrative qu’on peine à imaginer qu’il s’agit d’un premier roman. À la manière d’un thriller, Benjamin Wood ouvre son récit par la découverte de corps inanimés et son héros escorté par des policiers. Que s’est-il passé ? L’issue est connue. Le déroulé conduisant au drame à peine suggéré. Notre curiosité piquée d’emblée. Aide-soignant à Cedarbrook, Oscar se balade sur le campus de Cambridge lorsqu’il entend une musique s’échapper de La Chapelle de King’s College. Subjugué par la beauté des notes jouées, il est comme hypnotisé par l’harmonie de la mélodie et éprouve un sentiment de félicité encore jamais expérimenté. Le mélomane qui l’a envoûté n’est autre qu’Eden Bellwether. Un jeune garçon surdoué, doté d’un talent musical inné et intimement persuadé de posséder des facultés qui le rendent singulier. Un être à part, exceptionnel, apte à guérir par la musique les maux les plus compliqués. Charlatan, mystique ou fanatique, Eden Bellwether exerce un véritable pouvoir de fascination, qui ne fait que renforcer son ego démesuré et sa propension à la mégalomanie. Jusqu’à l’entraîner dans une démonstration de ses dons de guérison. Un délire névrotique à l’issue dramatique. Benjamin Wood tisse un huis clos haletant, au rythme lent, parfaitement dosé, où chaque scène travaillée à la perfection contribue au sentiment lancinant à la lecture du roman. Le suspens est implacable, bien que finement amené. Le charme opère tout au long de la narration. Le Complexe d’Eden Bellwether est de ces romans dont on savoure chaque page en espérant que jamais n’éclate la bulle dans laquelle on s’est réfugiés. Benjamin Wood nous offre un moment hors du temps. Un premier roman éblouissant sur l’emprise, la manipulation et l’ambition démesurée d’une personnalité narcissique, dont l’exaltation amplifie le pouvoir de fascination !
PRIX DU ROMAN FNAC 2014
Date de parution : 2014. Éditions Zulma, traduit par Renaud Morin, 512 pages.
PREMIER ROMAN
Qu'en pensez-vous ?