Ivan Jablonka, historien de profession et lauréat du Prix Médicis 2016 pour Laëtitia, publie un ouvrage hybride à mi-chemin entre le récit autobiographique et l’étude sociologique. Son projet consiste à faire de ses souvenirs de vacances une clé de lecture de la grande histoire. Ainsi, il se remémore les voyages à bord du Combi Volkswagen lorsqu’il sillonnait en famille les routes de France, d’Espagne, du Portugal… Si sur le papier, cet ouvrage avait tout pour me plaire, le résultat fut tout autre. Puisqu’à défaut de s’en tenir à ses souvenirs d’enfance, l’auteur s’évertue à intellectualiser, à conceptualiser à outrance son vécu. Ma lecture n’en a été que plus ennuyeuse, mon attention déclinant au fil des pages, puisque j’avais l’impression de passer du coq à l’âne en permanence sans parvenir à comprendre où l’auteur voulait en venir. Je suis restée hermétique au projet de l’auteur. Ivan Jablonka tente de plaquer une vérité historique sur un vécu personnel, de faire de ses voyages de jeunesse un objet d’analyse sociologique, une clé de lecture de la société. Ce procédé m’a agacée. Pour tout dire, j’ai trouvé le projet présomptueux et le ton de l’auteur mâtiné de suffisance. Il faut une bonne dose de culot pour oser le parallèle entre un petit larcin commis par un enfant dans une station-service et les péchés commis par Saint-François. Je suis restée médusée face à cet excès d’estime de soi. Cette désagréable manie de faire du camping-car une extension de sa judaïcité m’a également semblé un tantinet capillotracté. Telle une poule devant un couteau, je me suis demandé ce que j’avais entre les mains, j’en ai conclu à un OLNI – objet littéraire non identifié. À vouloir imbriquer récit autobiographique, historique et enquête sociologique, Ivan Jablonka s’emmêle les pinceaux. L’auteur ne prend pas parti, il reste en superficialité, que ce soit dans sa manière de se confier et d’aborder sa vie de famille ou dans sa façon d’expliquer la société. Finalement, le rendu m’a paru indigeste, les thèmes soulevés hors de propos et le tout incohérent.
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