C’est l’histoire d’un désir ardent. D’une passion contrariée. De celles qui submergent les êtres, venant faire péricliter une vie construite patiemment à l’ombre des tourments. Cécile Coulon signe un roman éblouissant. Elle explore avec une acuité remarquable la violence des sentiments. La douleur de ne pouvoir les exprimer et la sensation d’étouffement que leur enfouissement finit par provoquer. Le réalisme avec lequel elle décrit les affres de la passion est stupéfiant. Tout comme ceux qui la vivent, on a le souffle coupé, la gorge nouée et le cœur serré. Les personnages évoluent dans un environnement mystique, qui vient renforcer le sentiment d’un basculement imminent. Les falaises abruptes encerclent le village, procurant une sensation d’isolement. L’impression d’évoluer dans un univers soumis à des forces particulières, ne tolérant que ceux qui y sont nés et rejetant les étrangers. Benedict y a été élevé. Petit garçon, il a tout de suite été frappé par la puissance inouïe qui s’en dégageait. C’est tout naturellement, qu’une fois marié, il est retourné s’y installer. Le couple y met au monde une fille. Élevée sur les terres, cette dernière se lie à un garçon du pays. C’est le temps du bonheur. Le calme avant la tempête. Il suffira d’une fraction de secondes, aussi brèves qu’intenses, pour que tout se mettre à chanceler. Un regard un peu trop appuyé, une étreinte un peu trop serrée, pour que s’enflamment deux êtres que rien ne prédestinait. L’auteure rend compte de la difficulté à résister à la tentation, née d’une rencontre qui agira comme une déflagration. Sous l’apparente quiétude, la nervosité affleure. Elle parcourt les corps des amants maudits, qui conscients du danger de la situation, luttent pour ne pas succomber à leurs pulsions. L’air est chargé d’électricité, saturé des tensions contenues péniblement au prix d’un effort, tel, que les protagonistes en sortent vidés. Cécile Coulon électrise son lecteur. Retranscrivant, sans y toucher, le feu qui consume des personnages tiraillés entre raison et passion.
Un amour impossible vécu comme une malédiction
Trois saisons d’orage est un roman qui se savoure. Le début est lent. Il faut du temps pour que les éléments se mettent en place. On ne sait pas où l’auteure nous emmène. Petit à petit, pourtant, une tension s’instaure. Cecile Coulon tisse délicatement son intrigue. Elle glisse des indices, sans trop en dévoiler. On sent que quelque chose est sur le point d’arriver, sans toutefois être capable de le formuler. C’est au cours d’un déjeuner que tout va basculer. L’atmosphère est tendue, l’air compact. Alors qu’autour d’eux, tout semble inchangé, chacun agissant comme si de rien n’était, eux comprennent que rien ne sera jamais plus comme avant. Il n’y a pas besoin de mots pour sentir ces choses-là. Elles s’imposent d’emblée, avec un naturel désarmant. Les exprimer reviendrait à s’avouer vaincu. Ils se comprennent tacitement. Désormais, pour préserver ceux qu’ils aiment, ils devront s’éviter. Ne pas chercher à s’effleurer, à capter le regard de l’autre pour y lire ce même désir, qui les consume tout entier. Ils se tuent à la tâche, se font violence. Épuisent leurs corps. Espérant, ainsi, déloger cet autre, qui ne cesse d’occuper leurs pensées. Cécile Coulon parvient à créer une ambiance singulière, faite de non-dits, de désirs refoulés et de gestes à peine perceptibles, même si suffisamment éloquent pour que la vérité finissent par affleurer. Comment vit-on avec un tel secret ? Malgré le caractère inextricable et l’immoralité de la situation, on est touché par la fébrilité des amants.
Conclusion
Trois saisons d’orage, lauréat du Prix des libraires 2017, est une petite pépite. J’ai été conquise par le talent de l’auteure à créer une véritable atmosphère, ainsi qu’à insuffler à ses personnages une énergie vibrante. Je vous le conseille ! 😉
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