« Tout ce qu’on peut faire, Rosemary – tous autant que nous sommes -, c’est essayer de bien agir. Ce choix-là, chaque intell doit l’affronter chaque jour de sa vie. L’univers est ce qu’on en fait. C’est à toi de décider quel rôle tu joues. Et ce que je vois en toi, c’est une femme qui sait très bien ce qu’elle veut être. […] Tu essaies d’être quelqu’un de bien. » Jeune humaine ayant endossé une nouvelle identité afin d’éviter que sa parenté avec une riche famille de trafiquants d’armes ne soit révélée, Rosemary embarque sur un tunnelier. Un vaisseau fait de bric et de broc, à moitié rafistolé, chargé de tracer des voies de circulation en creusant des trous dans l’espace. À son bord, le capitaine Ashby est le chef d’orchestre d’un équipage multi-espèces bigarré, composé d’un alguiste aussi talentueux qu’irascible, d’une tech méca impossible à canaliser, d’un tech info amoureux de l’IA du vaisseau, de Sissix la pilote, une Aandrisk toute d’écailles et de plumes à la sexualité libérée, du docteur Miam, un grum dont l’apparence se rapproche d’un flan sur pattes, ainsi que d’une paire de Sianates sur le déclin. Alors que chaque espèce doit faire face à ses propres difficultés, s’ajoute les contraintes de la vie en communauté. Comment concilier harmonie sociale et diversité ethnique ? S’émancipant des romans de science-fiction centrés sur les guerres de colonisation, la reine de la SF positive questionne, par le biais d’une héroïne en quête d’identité, la place innée que l’on occupe et celle que l’on se choisit, en se créant une nouvelle famille. Bienveillant mais jamais mièvre, L’espace d’un an est un space opera doux et enveloppant. Un feel-good book où Becky Chambers renouvelle sa foi en l’humanité en imaginant des personnages incarnés et attachants, tout en touchant du doigt des sujets d’actualité : la non-binéarité, les dynamiques communautaires, la religion, le polyamour, la crise écologique, la capacité de l’être humain à se réinventer… Autant de défis pour notre monde globalisé qui peine à faire de la diversité un atout plutôt qu’une fragilité.
Mon appréciation : 4/5
PRIX HUGO DE LA MEILLEURE SÉRIE LITTÉRAIRE
Date de parution : 2014. Grand format aux Éditions de l’Atalante, poche aux Éditions du Livre de Poche, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Surgers, 600 pages.
Qu'en pensez-vous ?