« N’avez-vous jamais essayé de vous faire une vie plus heureuse ? » « Il ne pouvait être question de bonheur, répondit-il. Le bonheur était parti, avec vous. » Bien loin du charme mystérieux et de l’atmosphère trouble de son chef-d’œuvre Rebecca, Daphné Du Maurier avec Le Général du Roi signe un roman historique au cœur de l’Angleterre du XVIIe siècle. Déchiré par une guerre civile, le pays est à feu et à sang. Les Cornouailles – région emblématique dont les paysages bucoliques ont inspiré de nombreux romanciers anglais – sont le théâtre de l’ultime assaut entre les troupes du roi Charles Ier et les partisans du Parlement, servant sous les ordres de Cromwell. Sous ces funestes auspices, éclôt une belle histoire d’amour. Honor Harris, jeune aristocrate au caractère bien trempé, entend épouser l’homme qu’elle a choisi. Et non un illustre inconnu dépourvu de la fougue, du charisme et de l’aplomb qui font tout l’attrait du Colonel de l’armée royale rencontré au cours d’un banquet. Richard Grenvile est le futur Général du Roi. Soldat émérite dont la fidélité à son souverain ne faiblira pas, malgré les revers de fortune qu’il subira. Une déroute physique et morale puisqu’il sera traité par sa propre armée comme un paria. Tout cela nous est conté par Honor, elle-même, qui bien des années plus tard se remémore son grand amour, les combats, ainsi que les épreuves que la vie lui a infligées. Tourments causés par son infirmité, que son amour inaltérable et partagé pour un homme d’honneur saura compenser. D’emblée la narratrice avertit le lecteur peu disposé à apprécier un roman ayant pour héroïne une infirme : s’il pense que son histoire n’est pas celle d’une femme hors du commun il fait fausse route. On ne peut qu’approuver l’avertissement et se ranger de son côté. Daphné Du Maurier nous offre une histoire d’amour allant à l’envers des clichés. Un roman traversé par une énergie fougueuse. Une passion inaltérable entre deux êtres rebelles qui se sont trouvés et que les événements n’auront pas réussi à séparer. Une lecture idéale pour l’automne et les amoureux avec des étoiles dans les yeux.
Date de parution : 1946. Éditions Livre de Poche (Collection Biblio), traduit par Henri Thiès, 576 pages.
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