• Accueil
  • Qui suis-je ?
  • COUPS DE COEUR
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE
  • LITTÉRATURE ALLEMANDE
  • LITTÉRATURE AMÉRICAINE
  • LITTÉRATURE ANGLAISE
  • LITTÉRATURE ARGENTINE
  • LITTÉRATURE AUSTRALIENNE
  • LITTÉRATURE AUTRICHIENNE
  • LITTÉRATURE BIÉLORUSSE
  • LITTÉRATURE BULGARE
  • LITTÉRATURE ÉCOSSAISE
  • LITTÉRATURE ESPAGNOLE
  • LITTÉRATURE ESTONIENNE
  • LITTÉRATURE GÉORGIENNE
  • LITTÉRATURE GUYANAISE
  • LITTÉRATURE HONGROISE
  • LITTÉRATURE INDIENNE
  • LITTÉRATURE ISLANDAISE
  • LITTÉRATURE IRLANDAISE
  • LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE
  • LITTÉRATURE ITALIENNE
  • LITTÉRATURE JAPONAISE
  • LITTÉRATURE PORTUGAISE
  • LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE
  • LITTÉRATURE RUSSE
  • LITTÉRATURE SERBE
  • LITTÉRATURE SUD-AMÉRICAINE
  • LITTÉRATURE SUISSE
  • LITTÉRATURE TURQUE
  • LITTÉRATURE YIDDISH
Books'nJoy

Reading makes you happy !

  • Accueil
  • Qui suis-je ?
  • COUPS DE COEUR
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE
  • LITTÉRATURE ALLEMANDE
  • LITTÉRATURE AMÉRICAINE
  • LITTÉRATURE ANGLAISE
  • LITTÉRATURE ARGENTINE
  • LITTÉRATURE AUSTRALIENNE
  • LITTÉRATURE AUTRICHIENNE
  • LITTÉRATURE BIÉLORUSSE
  • LITTÉRATURE BULGARE
  • LITTÉRATURE ÉCOSSAISE
  • LITTÉRATURE ESPAGNOLE
  • LITTÉRATURE ESTONIENNE
  • LITTÉRATURE GÉORGIENNE
  • LITTÉRATURE GUYANAISE
  • LITTÉRATURE HONGROISE
  • LITTÉRATURE INDIENNE
  • LITTÉRATURE ISLANDAISE
  • LITTÉRATURE IRLANDAISE
  • LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE
  • LITTÉRATURE ITALIENNE
  • LITTÉRATURE JAPONAISE
  • LITTÉRATURE PORTUGAISE
  • LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE
  • LITTÉRATURE RUSSE
  • LITTÉRATURE SERBE
  • LITTÉRATURE SUD-AMÉRICAINE
  • LITTÉRATURE SUISSE
  • LITTÉRATURE TURQUE
  • LITTÉRATURE YIDDISH
Books'nJoy

Reading makes you happy !

LITTÉRATURE ITALIENNE

Le gang des rêves, Luca Di Fulvio : Gangs of New York

Publié sur mai 21, 2023mai 25, 2023
booksnjoy-luca-di-fulvio-gang-des-reves-new-york

« Tu sais ce que c’est, l’amour ? C’est réussir à voir ce que personne d’autre ne peut voir. Et laisser voir ce que tu ne voudrais faire voir à personne d’autre. » Tombée enceinte de l’homme qui l’a violée, Cetta Luminita, 15 ans en 1909, embarque à Naples pour le Nouveau Monde son fils sous le bras, farouchement décidée à lui offrir la vie qu’on lui a volée. Christmas, mèche blonde retombant nonchalamment sur le front et regard insolent, tiré de son enfance dans les ruelles mal famées du Lower East Side, vit avec sa mère prostituée. Loin des quartiers huppés de Manhattan, où Ruth Isaacson occupe un luxueux appartement sur Park Avenue. Les chemins du jeune voyou et de la riche héritière du West End n’auraient jamais dû se croiser si un événement terrible ne les avait rapprochés. Depuis cette nuit où la vie de Ruth s’est arrêtée, un lien puissant les relie. À mi-chemin entre David Copperfield et Les affranchis, Le gang des rêves est une fresque sociale en clair-obscur dépeignant le New-York des années 20, le quotidien des immigrés juifs et italiens, les Noirs ghettoïsés, dans une ville aux mains des parrains du crime organisé, avec pour fil rouge une histoire d’amour impossible entre deux adolescents. Un jeune wop et une riche juive des beaux quartiers. Deux amants que les circonstances de leur rencontre empêchent de s’aimer. Si tous les codes de la success-story américaine et du roman d’apprentissage en font un vrai page-turner, Le gang des rêves gagne résolument en profondeur grâce à Ruth. Un personnage féminin complexe que Luca Di Fulvio accompagne à chaque étape de sa reconstruction, sur le chemin tortueux vers le regain d’estime de soi après une agression. Des bas-fonds de New York, aux studios hollywoodiens, l’auteur italien nous offre une autre version du rêve américain incarné par un gamin effronté et attachant, une petite frappe au cœur tendre et au cerveau bien fait, qui entend écrire sa légende au sein de la pègre new-yorkaise. Tout en gardant à l’esprit la promesse faite à son premier et unique amour, à la jeune fille qu’il a sauvée et dû abandonner, de revenir la chercher.


Le garçon fit un pas hésitant en avant, se détachant de la foule, alors que désormais il était trop tard et qu’ils ne pouvaient plus rien se dire. Mais leurs regards se mêlaient. Et dans ces yeux voilés de larmes, il y avait plus de mots qu’ils n’auraient jamais pu prononcer, plus de vérité qu’ils n’auraient pu avouer, plus d’amour qu’ils n’auraient pu montrer. Et plus de douleur qu’ils n’étaient capables de supporter. « Je te trouverai ! » articula lentement Christmas. Le train siffla. S’ébranla. Christmas vit que Ruth tenait une main serrée sur le cœur rouge qu’il lui avait offert. « Je te trouverai ! » répéta-t-il doucement, alors que Ruth était emportée au loin.

Roman d’apprentissage, success-story, amour impossible & american dream… si les ingrédients d’un page-turner réussi sont réunis, cela suffit-il, pour autant, à en faire un grand roman ?

Mais un phénomène similaire avait aussi touché les quartiers pauvres de Manhattan et de Brooklyn. Grâce aux récits de Christmas, les gens ordinaires rêvaient d’être des durs, capables de conquérir cette liberté que la société leur refusait dans la réalité et qu’ils n’avaient pas la force de revendiquer. Christmas était devenu leur voix. Grâce à lui, ils rêvaient opportunités et transgressions et se sentaient capables – confortablement installés devant leurs boîtes à lampe – de prendre des risques.

Né au 18e siècle en Allemagne, le Bildungsroman ou « roman de formation » – aussi appelé « roman d’apprentissage » et « roman initiatique » – retrace les épreuves auxquelles est confronté un jeune héros, dont la personnalité se forgera au contact de la vie. L’enthousiasme pour ce type de récits découle certainement du constat que chacun de nous expérimentera cette transition délicate. Le passage de l’enfance à l’âge adulte – l’anglais rendant avec la concision qui lui est propre cette dimension : coming-of-age story, la perte de l’innocence, des illusions, la confrontation avec un monde extérieur violent, sont autant d’étapes par lesquelles chaque lecteur est passé. D’où l’écho personnel qui renforce notre intérêt pour ce type de romans. L’identification se fait naturellement et, à travers le parcours du héros, certaines réponses sont apportées à des questions qui ont pu nous effleurer. La littérature possède des vertus cathartiques, qui expliquent cette avidité à connaître le dénouement : Christmas parviendra-t-il à s’extraire de sa condition d’émigré italien élevé dans les quartiers ouvriers de New York ? La blessure de Ruth cicatrisera-t-elle, offrant aux deux amants la possibilité de s’aimer ? Le lecteur suit avec émotion leur évolution et vibre au rythme des retournements de situation. Ce n’est plus le gamin des bas-quartiers qui se frotte à la mafia, se heurte à un monde sophistiqué qui l’exclût d’office, c’est le lecteur qui vit, respire, souffre de se voir marginalisé. Ainsi, la réussite d’un récit de formation repose sur le pacte que l’auteur scelle avec le lecteur : si les personnages sont suffisamment bien incarnés pour que l’identification se fasse, que le rythme ne s’essouffle pas, que les sujets évoqués résonnent intimement avec notre expérience, alors le lecteur ne pourra lâcher le roman avant le dénouement. Rares sont les auteurs qui le font aussi brillamment que Luca Di Fulvio. Le gang des rêves réunit tous les ingrédients d’un excellent roman d’initiation : un héros de basse extraction doué, charismatique et impertinent, éduquée par une mère prostituée ayant dû s’exiler après avoir été violée, la difficulté de s’intégrer dans un nouveau pays, la rage de vivre, un amour impossible avec une jeune femme d’origine sociale plus élevée, des histoires familiales compliquées, des revers de fortune, une construction faisant évoluer en parallèle les destins de Christmas, Ruth et de l’agresseur de cette dernière, avec en toile de fond la prohibition, la mafia new-yorkaise, l’essor du cinéma hollywoodien, et l’espoir vécu à travers Christmas de se tailler une place au soleil. De transcender ses origines sociales pour s’élever dans la société et vivre le rêve américain. Le fil rouge étant, comme tous bons romans, le combat acharné entre le bien et le mal, qu’une narration bien maîtrisée permet d’apprécier. Si Luca Di Fulvio ne rechigne pas à user de certaines facilités, s’il arrive que les ficelles soient par trop évidentes, le pacte fonctionne jusqu’à la fin. Il reste qu’à la manière de trappes s’ouvrant à l’improviste, les situations douloureuses se dénouent aisément nous conduisant vers un happy end, qui, bien qu’attendu se laisse apprécier. Le gang des rêves est un formidable roman, addictif, émouvant, très cinématographique également. Une fresque famille et sociale que je ne rangerai toutefois pas dans la même catégorie que des monuments du genre, tels que récemment La huitième vie de Nino Haratischwili, Le Chardonneret de Donna Tartt ou encore Les frères K. Le style fluide, le rythme tenu, les personnages incarnés et le souffle romanesque maintiennent le lecteur en haleine, tout en n’évitant pas un traitement superficiel. Il manque cette densité, cette profondeur dans l’exploration des sentiments et de la psyché des personnages, propres aux grands romanciers. Que la complexité du personnage de Ruth permet, pourtant, d’apprécier par moments.

Ruth Isaacson : une enfance volée et une héroïne (tragique) admirablement incarnée

L’ascension de Christmas Luminita est au cœur de l’intrigue. Et si ses talents de conteur, son habileté à jouer avec la vérité, servent son ambition, en lui permettant de gravir les échelons, il est déconcertant de voir avec quelle facilité tout se place correctement. Le roman de formation repose sur le cheminement du héros, sa capacité à relever les défis que lui impose la vie. De ce point de vue, Ruth s’impose pour moi comme l’héroïne du roman. Luca Di Fulvio lui donne davantage d’épaisseur, suit sa reconstruction laborieuse après son agression. Sur plusieurs années, il embrasse un processus long : de l’état de prostration – « cette torpeur lui cachait les horreurs de la nuit et les impudeurs brutales du jour » – consécutif à l’agression : à l’âge de treize ans, Ruth est violée, battue et amputée d’un doigt par un homme dérangé psychologiquement, qui ira dans un accès de démence jusqu’à tuer ses deux parents, à la négation de sa féminité afin de se protéger – le port de gazes serrées écrasant sa poitrine, l’annihilation de toute forme de séduction, les comportements autodestructeurs, l’anesthésie de ses propres désirs, la honte, l’assimilation du sexe à la souillure, de l’amour à la violence, l’illusion de maîtriser la souffrance en maintenant un contrôle étroit sur tous les aspects de sa vie, visant à étouffer les angoisses qui la hantent et qu’un événement banal du quotidien suffit à réveiller. Puis, peu à peu, le dégoût de soi s’estompe. Ruth se forge seule et apprend à dompter ses peurs. Les bruits de l’extérieur, les autres, associés à la violation de son intimité, s’estompent, se patinent.

D’autres fois encore, elle avait l’impression qu’une déflagration terrifiante lui faisait exploser les tympans, tandis qu’il s’agissait simplement de la voix d’un camarade l’invitant à une fête. On aurait dit que le monde entier avait pris des couleurs, des saveurs, des odeurs et des sons qui étaient simplement trop violents pour elle. Elle s’était mise à porter des lunettes noires. Mais les couleurs étaient dans sa tête. La nuit, elle se bouchait les oreilles avec un coussin, mais c’était dans son cœur que les hurlements se nichaient. Elle ne mangeait presque plus, mais les poisons qui envahissaient sa bouche était enfouis en elle. Elle tentait de se tenir à l’écart des choses et des gens, mais le doigt amputé par Bill, semblait lui parler sans cesse de cet enfer à la fois de feu de glace qu’était le monde.

Son travail de photographe indépendante reflète, d’ailleurs, ce besoin de mise à d’instance avec le monde. De l’observer par le biais d’un écran de protection. Dès lors, ce qui lui semblait insurmontable à hauteur d’enfant, reprend sa place dans la frise du temps. En grandissant son regard évolue. Jusqu’à la confrontation finale où la peur change définitivement de camp. En la voyant logée dans les yeux de son agresseur au cours d’une soirée mondaine à Los Angeles, lui, terrorisé à l’idée d’être démasqué, celle-ci se dissout. Délestée de ce qui l’entravait depuis ses treize ans, Ruth se libère, souffle à nouveau, se décrispe et peut reprendre sa vie là où elle s’était arrêtée. Commencer à aimer et être aimée, sans qu’un arrière-goût écœurant ne vienne empoisonner ses sentiments. Grâce à ce personnage féminin, Le gang des rêves gagne en profondeur, en intensité, là où le destin de Christmas m’a paru plus convenu. Luca Di Fulvio réussit à se glisser dans la peau d’une adolescente traumatisée, insufflant une énergie vitale, dont le roman aurait été privé autrement.

Elle était une riche juive du West Side, lui un voyou, un wop, comme on appelait tous les italiens. Ce qui l’avait fait grandir plus vite, ce n’était pas seulement son amour mais aussi l’amour qu’il lisait, par moments, dans les yeux de Ruth. Cet amour contre lequel elle luttait jour et nuit, parce que Bill les avait fait se rencontrer et, en même temps, les avez séparés. Parce que Bill, avec ses horribles mains, ces cisailles et sa violence, avait sali l’amour, et Ruth ne parvenait à voir rien d’autre que la saleté. Y compris en Christmas. Et elle le tenait à distance.

Et elle le savait parce qu’elle-même aurait voulu embrasser Christmas. C’était pour cela qu’elle le détestait. Parce qu’elle était différente de tous les autres, parce qu’elle avait neuf doigts et pas dix. Pourtant, elle pensait sans arrêt à Christmas. C’était le seul auprès de qui elle se sentait libre. Et c’était pour cela que, depuis peu, elle essayait de l’éviter ou de garder ses distances. Christmas était un danger. Ruth ne voulait pas être salie. Or, l’amour était sale. Elle qui avait connu tout ce qu’il y avait à connaître sans jamais avoir reçu son premier baiser, elle le savait. Elle le sentait sur ses lèvres et, plus bas, entre ses jambes. Lorsqu’elle était près de Christmas, c’était comme si mille fourmis couraient sous sa peau. Voilà pourquoi elle le détestait. Et voilà pourquoi elle se détestait.

J’ai attendu un signal m’indiquant que tu allais venir me sauver pour la deuxième fois, que nous allions retrouver notre banc et que tu m’aiderais à conjurer la terrible malédiction qui me tient emprisonnée dans cette nuit où une petite fille est devenue vieille sans jamais avoir été une jeune femme.

Et alors, pour la première fois depuis bien longtemps, elle éprouva une espèce de tendresse pour elle-même. Elle versa des larmes qui n’étaient pas de désespoir. Mais d’acceptation. Ruth ne luttait plus contre elle-même.

Elle sentit alors qu’elle était arrivée au bout d’un parcours. Elle sentit, dans les tréfonds les plus cachés de son âme, que le moment était enfin venu de laisser à nouveau s’écouler le temps. Elle comprit qu’elle était restée emprisonnée dans un photogramme et que, dans ce photogramme, elle avait aussi emprisonné Bill, les condamnant ainsi tous deux. Sa vie s’était cristallisée dans une soirée qui avait eu lieu plus de six ans auparavant. « Mais moi, je suis une autre. Et maintenant toi, tu es un autre aussi ! » se dit-elle, stupéfaite, par la simplicité de cette constatation.


Le New York des années 20 : guerre des gangs, immigration & prohibition

Première étape du rêve américain de Cetta Luminita : Ellis Island. Lieu emblématique ayant vu défiler des millions de migrants. Pour payer son passage vers le Nouveau Monde, Cetta offre ses services au capitaine du bateau et voyage clandestinement dans les cales, son bébé dans les bras. Arrivée à destination, c’est une toute autre vie que celle imaginée en Italie qui l’attend. Le quotidien est rythmé par son travail dans une maison de passes en journée, et de nuits passées dans un appartement étriqué à l’autre bout de la ville, en sous-sol, partagé avec un vieux couple d’immigrés. Le Lower East Side n’a pas encore connu la gentrification et les immigrés irlandais, italiens, juifs, les Noirs, les voyous, les gangsters, les prostituées, les petits commerçants victimes du racket et les gamins en haillons, la mine sombre, les traits tirés et le visage émacié par la faim se disputent la rue. Luca Di Fulvio retranscrit l’énergie d’une ville en ébullition. L’effervescence née du brassage des cultures, de la mixité cultuelle et sociale. Les effluves de pâtes à la sauce tomate, d’ail finement émincé, de viandes mijotées et d’épices suffisant à augurer de la nationalité des occupants. Par ailleurs, l’époque de la prohibition offre de nouvelles perspectives au crime organisé. La mafia tire avantage des restrictions en solidifiant son réseau de bars clandestins, en prenant en main l’acheminement de l’alcool, s’enrichissant considérablement. Christmas baigne dans cet univers depuis petit, côtoie les parrains de la pègre, connaît les codes et en joue. Gangrenée par la corruption, New York apparaît comme une ville sombre, écrasée par la fumée des bouches d’aération, les odeurs de nourriture et de corps, la promiscuité dans les quartiers défavorisés renforçant l’impression d’étouffement ; quand Hollywood ressemble à un décor en carton pâte, dépouillé de sa magie une fois les moteurs coupés. Entre ces deux villes, Christmas et Ruth, qui se sont aimés enfants sur un banc de Central Park, puis se sont perdus, se construisent chacun de leur côté, avant de se retrouver, peut-être, dans la ville qui ne dort jamais.


Mon appréciation : 4,5/5



Date de parution : 2008. Grand format chez Slatskine & Cie, poche aux Éditions Pocket, traduit de l’italien par Elsa Damien, 864 pages.


Idées de lecture…

booksnjoy-livres-a-lire-au-moins-une-fois-dans-sa-vie-lombre-du-vent-carlos-ruiz-zafon-livre-culte
booksnjoy-freres-ashkenazi-israel-joshua-singer
booksnjoy-huitieme-vie-nino-haratiscwili-saga-familiale-georgie
AMOURAPPRENTISSAGESAGA
Le gang des rêves, Luca Di Fulvio : Gangs of New York

précédemment

Les frères K, David James Duncan : David contre Goliath version l’envers du rêve américain
Le gang des rêves, Luca Di Fulvio : Gangs of New York

suivant

Ce qui reste de nos vies, Zeruya Shalev : l’autopsie freudienne d’une famille israélienne
Qu'en pensez-vous ? Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Il n'y a pas encore de commentaire.

Qui suis-je ?

booksnjoy-maggie-ofarrell-portrait-mariageCréé en 2017, ce blog littéraire est un lieu où je vous partage mes coups de cœur et mes dernières lectures…

J’espère que vous y ferez le plein d’idées !

Catégories

Archives

Mon profil sur Babelio.com

Lecture en cours

Bibliotheque

Rejoignez-moi sur Instagram

books_njoy

💐 ᴀᴜᴅʀᴇʏ
✨ #ReadingMakesYouHappy
🖋 ʙʟᴏɢᴜᴇᴜsᴇ ʟɪᴛᴛéʀᴀɪʀᴇ
📲 ᴄʜʀᴏɴɪqᴜᴇs ᴄᴏᴍᴘʟèᴛᴇs sᴜʀ ʟᴇ ʙʟᴏɢ ⤵️

ʙᴏᴏᴋs'ɴᴊᴏY
🇭🇺 [Le tour des librairies : #Hongrie]✨
∴
En tant que lecteur.ice, on a tou.te.s nos petites obsessions. Un domaine (français, étranger), genre (littérature blanche, polar, SF, essai…) de prédilection. En cela, la littérature de la Mitteleuropa exerce sur moi une véritable fascination. Profondément enracinée au cœur de l’Europe, elle témoigne - sous une forme quasi testamentaire - de la nostalgie d’un âge d’or (Le monde d’hier de Stefan Zweig), de la décadence d’une civilisation éclairée, cosmopolite, et ouverte sur le monde, de l’existence d’un microcosme disparu : le Yiddishland - espace linguistique englobant des pays d’Europe de l’Est et réunissant les communautés ashkénazes (La famille Moskat d’Isaac Bashevis Singer). Un monde intellectuel et culturel bouillonnant englouti sous la folie des idéologies du 20e siècle : nazie, puis communiste, visant à la négation systématique de l’individu. Par son exclusion de l’humanité ou sa dissolution dans un tout. Du mince interstice que les voix dissidentes ont creusé, émerge fébrilement celle de quelques grands romanciers s’efforçant de redonner des contours nets aux silhouettes floues prises entre les feux croisés des totalitarismes. La littérature s’affirme alors comme le dernier espace de liberté. Une enclave où l’individu triomphe d’un système coercitif visant l’annihilation de la pensée, l’étouffement de l’esprit critique. Un champ de bataille et un refuge. Un outil contestataire essentiel face à l’absurdité du monde (Le procès de Franz Kafka, L’homme de Kiev de Bernard Malamud). Si le 20e siècle a révélé toute la noirceur de l’âme humaine, l’échec de l’homme moderne que la société a dépouillé de son humanité (La mort est mon métier de Robert Merle), des figures de l’ombre se sont aussi distinguées. Porteuses d’un humanisme indéfectible, leur seule présence attestant de la possibilité de faire émerger des ténèbres la lumière. L’espoir tenace d’un monde meilleur. La foi en l’humanité. 

[Suite en commentaires]
🌨️ #FAVOURITEAUTHOR « Il faut que tu arrive 🌨️ #FAVOURITEAUTHOR
« Il faut que tu arrives en bas pour y triompher de la tempête qui t’agite, c’est ta lutte personnelle et, là, tu devras te battre à la vie à la mort. Les chances de victoire et de défaite me semblent égales. Mais si tu n’entreprends rien, tu ne gagneras rien. Si tu restes les bras croisés, tu trahiras tous ceux qui te sont chers et probablement jusqu’à la vie elle-même, bien que je n’en sache rien. Tu es chanceux, peut-être pas béni, non, pas du tout, mais tu as de la chance, car le destin t’offre une occasion. » Au cœur de l’interminable hiver islandais, deux silhouettes solitaires, blanches de neige, se fraient un chemin dans la tempête. Avançant au coude-à-coude, les deux hommes traversent des fjords à la barque, voguent sur les eaux lisses et sombres du Dumbsfjörður, gravissent des landes le visage fouetté par les vents violents, luttant pour gagner les coins les plus reculés du territoire islandais, où des êtres isolés attendent les nouvelles du vaste monde. Le postier officiel étant cloué au lit par la grippe, Jens accepte le remplacement jusqu’à Vetrarströnd. L’extrémité du monde, « là où l’Islande prend fin pour faire place à l’éternel hiver ». Accompagné du gamin, l’homme bourru s’enfonce dans le monde blanc, fuyant dans un même élan la femme qu’il aime et lui-même. Peu à peu, les épreuves et le désespoir soudent le duo et la rudesse de Jens fond sous la pression des questions de l’adolescent orphelin, qui trois semaines auparavant a perdu son meilleur ami en mer. Dans Entre ciel et terre - premier volet de la trilogie romanesque, Bardur l’avait initié à la poésie et, l’esprit engourdi par les vers du recueil du Paradis perdu de John Milton avait oublié sa vareuse sur son lit. La poésie tue. Preuve en est, le pêcheur grelottant sur sa barque a succombé à une hypothermie. Roman après roman, #JonKalmanStefansson sculpte des personnages à l’image de son île natale : de feu et de glace, endurcis parce que contraints de s’adapter à la rudesse d’une terre inhospitalière. Armure que la poésie fend de son pic aiguisé révélant leur vulnérabilité.

[Suite de la chronique en commentaire]
🧊#INUIT « La vie est étrange, murmura-t-il. 🧊#INUIT 
« La vie est étrange, murmura-t-il. On a donné la priorité à tout ce qui entoure la chose plutôt qu’à la chose elle-même. Mais peut-être faut-il se retrouver sous d’autres cieux et voir les gens agir exactement de la même manière pour comprendre que quelque chose cloche ? » En quête d’aventures et de sens, Martin, un jeune instituteur danois de trente-huit ans, demande sa mutation pour le district d’Umanaq. Près du cercle polaire, la petite île montagneuse se dresse au milieu d’un fjord groenlandais. À bord du bateau conduisant Martin au village de Nunarqafiq, comptabilisant 150 habitants, un adolescent entame le voyage retour après une année passée sur le continent. Ce déracinement est vécu comme un choc culturel. Au regard de la modernité des villes danoises, le hameau, où l’on vit de la pêche et de la chasse, se nourrit de viande de phoque et circule sur la banquise en traîneaux à chiens, semble bien étriqué. En parallèle, se dessinent deux trajectoires qui finiront par converger : celle d’une réadaptation et d’une acculturation. Le désespoir de Jakúnguak face à la déchéance sociale de son père employé par l’industrie minière. Le combat contre le Ministère d’un professeur de bonne volonté, outil malgré lui de l’impérialisme danois, dont la vie au sein de la communauté Inuit chaleureuse et soudée amènera à questionner la légitimité. En dispensant un enseignement expérimental, Martin, tel le grain de sable perturbant la grande roue du progrès, fait acte de désobéissance civile. Une résistance vectrice de liberté, bien que chèrement payée.

[Suite de la chronique en commentaires]
🤲 #HOPE « Mon chéri, quatre générations t' 🤲 #HOPE
« Mon chéri, quatre générations t'ont précédé dans l'écriture mais toi, dans ta courte vie, tu as vu beaucoup de choses et tu dois les raconter aux générations à venir pour qu'elles comprennent la signification des mots "d'où ?" et "vers où ?". Et la réponse à la première question contient la réponse à la seconde. » D'où vient la vocation d'écrivain ? Pourquoi certains gravitent inlassablement autour des mêmes sujets, creusant certains épisodes de leur vie jusqu'à les épuiser ? Peut-être pour supporter la culpabilité d’avoir survécu et ressusciter l’esprit des disparus. Né en Roumanie en 1932, #AharonAppelfeld est un rescapé de la Shoah. À huit ans, il est déporté dans un camp, d’où il s’évade. Le reste de sa famille est exterminée par les nazis. Pendant trois ans, l’orphelin se réfugie dans les forêts ukrainiennes avant de rejoindre les rangs de l'Armée rouge. De cette enfance chaotique, l'écrivain israélien, traduit de l'hébreu par #ValerieZenatti, tire #Lespartisans. Le récit de survie pendant la Seconde Guerre mondiale d'un groupe de combattants Juifs pour la liberté échappés d’un ghetto et retranchés dans les forêts des Carpates. L’utopie d’une communauté aimante, un microcosme d’humanité. Entre expéditions dans les villages, soirées de réflexions et actions de sabotage, les partisans mettent leur énergie à sauver le plus de vies. Les Allemands sont en déroute, l'Armée rouge sur le point de débarquer. Et pourtant, l’antisémitisme dans la population ukrainienne persiste : « Les Juifs ne parlent jamais comme ça » « Ah bon ? Comment parlent-ils alors ? Raconte-nous un peu. » « Les Juifs acceptent leur destin en silence. » Quel goût une victoire milliaire arrachée, alors que les mentalités demeurent inchangées, peut-elle avoir ? 

[Suite en commentaires]
🇮🇱🕊️🇵🇸 #COUPDECOEURLITTERAIRE « 🇮🇱🕊️🇵🇸 #COUPDECOEURLITTERAIRE 
« Bassam et Rami en vinrent à comprendre qu'ils se serviraient de la force de leur chagrin comme d'une arme. [...] Comme si ces choses différentes dont ils sont constitués pouvaient, d'une certaine façon, se reconnaître mutuellement. » Histoire d'une amitié antinomique entre deux pères appartenant à des camps opposés : Rami Elhanan, israélien, juif, vivant à Jérusalem, membre du Cercle des parents, descendant d'un rescapé hongrois de la Shoah ayant émigré en Israël, beau-fils d'un ancien général idéaliste : socialiste, sioniste, démocrate, époux d'une intellectuelle engagée dénonçant avec virulence l'Occupation ; Bassam Aramin, palestinien, musulman, né dans une grotte d'Hébron, ayant purgé une peine de sept ans de prison pour activités terroristes, militant, co-fondateur des Combattants de la paix ayant rédigé son mémoire de maîtrise sur l'Holocauste, #Apeirogon a su embrasser sans manichéisme, en l'incarnant magnifiquement, toute la complexité du conflit israélo-palestinien. À dix ans d'intervalle, Rami Elhanan perd Smadar, sa fille de treize ans, dans un attentat-suicide commis dans un café de Ben Yehuda Street par trois terroristes palestiniens, tandis qu'en 2007, Abir, la fille de Bassam - déjà engagé dans un mouvement pour la paix - âgée de dix ans, est abattue d'une balle dans la nuque par un garde-frontière israélien. Deux tragédies intimes se déroulant en miroir, sans lien apparent, et pourtant étroitement imbriquées dans une histoire commune. Celle d'un conflit géopolitique au Moyen-Orient s'auto-alimentant. Chaque nouvel élément contribuant à façonner une figure géométrique possédant un nombre dénombrablement infini de côtés : un Apeirogone. Sphère où chaque événement peut être associé à un sommet interconnecté au suivant par une logique chronologique épidermique. Il suffit, dès lors, d'actionner un levier pour que le point névralgique sollicité déclenche une escalade de la violence, légitimée par l'esprit de vengeance. Mécanique qu'illustre le titre du roman.

[Suite en commentaires]
🍽️ (LA PETITE) #BOURGEOISIE « J’étais le 🍽️ (LA PETITE) #BOURGEOISIE 
« J’étais le point noir de ce dîner, […] je suis l’observateur, l’ignoble individu qui s’est confortablement installé dans le fauteuil à oreilles et s’adonne là, profitant de la pénombre de l’antichambre, à son jeu dégoûtant qui consiste plus ou moins à disséquer, comme on dit les invités des Auersberger. » Encastré dans son fauteuil à oreilles, lorgnant de l'antichambre les invités des époux Auersberger, un écrivain désabusé épanche son venin dans un flot de pensées nerveux, un ressassement névrotique, étrillant avec un plaisir indicible la médiocrité des milieux artistiques viennois que #ThomasBernhard a longtemps fréquentés. Puisque Des arbres à abattre - summum de cynisme et vengeance littéraire fameuse, valut à l’auteur controversé un procès en diffamation pour s’être largement inspiré de son cercle d’amis sur lesquels l'alter ego de l’auteur déverse son fiel, englobant toute la clique de parasites gravitant autour de la rue Gentzgasse. "Sinistres et foireux de l'art", soupers artistiques pathétiques réunissant le gratin de ce que l'ancienne capitale de l'Empire Austro-Hongrois, beauté baroque en plein cœur de l'Europe centrale, compte d’opportunistes, l’écrivain autrichien portraitise de sa plume caustique l'hypocrisie de la petite-bourgeoisie. Intelligentsia qu’a fuie pendant vingt ans le narrateur avant de tomber par hasard sur les époux Auersberger. Cédant à un sentimentalisme répugnant, il accepte par lâcheté leur invitation à diner. Le dramaturge travaille sa scénographie transformant un "dîner artistique" en un monologue continu, où se mêlent les sentiments contradictoires - attraction-répulsion - que lui inspire la société avec laquelle il n'est pas parvenu à rompre tout à fait. L'humour noir, la fièvre et la haine du narrateur, aussi cruel envers les autres que lui-même, contamine le lecteur-spectateur. L'exercice littéraire est étonnant, voire dérangeant. Une critique au vitriol d'une drôlerie absolue, que sous-tend un profond malaise : le constat d'une société artificielle névrosée où règne la vacuité, régie par des compromis auxquels la bourgeoisie de tout temps a cédé pour s'élever socialement.
#BellaVenezia 🇮🇹 3 jours à Venise, entre #BellaVenezia 🇮🇹 

3 jours à Venise, entre dégustation de pâtes aux anchois à la vénitienne (#bigoliinsalsa 🍝), verres de vin, balades le long du canal, visite du ghetto dans le quartier du Cannaregio, tour en gondole (grosse touriste), visite de la Basilique Saint-Marc et…mes multiples tentatives de ne pas me faire scalper par les mouettes.

🤳🏻El selfie de la Alegría

🌅 Il grand canal con le gondole al tramonto 

🍷 Ponte dell'Accademia

🛶 Gondolas 

⛪️ Chiesa di San Simeon Piccolo (sortie de la gare, BIM !)

🌁 Ponte di Rialto

👑 Piazza San Marco

🕍 La Scola Levantina, synagogue séfarade du XVIe siècle

***
#LaDolceVita #Italia #Venezia #Interrail
🪻#COUPDECOEURLITTERAIRE « Quelque chose de neu 🪻#COUPDECOEURLITTERAIRE
« Quelque chose de neuf se tenait en attente derrière tout cela, mais je ne pouvais pas le voir car ma tête était remplie de vieilles images et mes yeux incapables de changer leur façon de voir. J’avais perdu l’ancien mais je n’avais pas encore gagné ce qui était nouveau ; ce nouveau me restait inaccessible mais je savais qu’il existait. Je ne sais pourquoi, cette pensée suffit à me remplir d’une sorte de joie timide. » L'héroïne, la quarantaine, veuve et mère de deux enfants accepte l'invitation des Rüttlinger, à passer quelques jours dans la campagne autrichienne. Niché au creux d'une vallée alpine, le chalet de chasse est une villa de bois en troncs massifs sur un étage. La veille, le couple est descendu au village. Au petit matin, l'héroïne constate qu'un changement est survenu. Le couple n'est pas revenu, le silence règne. En s'enfonçant dans la forêt, elle se heurte à une résistance invisible, lisse et froide. Un mur invisible infranchissable, comme une cloche de verre, s'est dressé dans la nuit. Au-delà, les hommes et les animaux se sont changés en statues de pierre. Consciente de l'inutilité de chercher un sens à l'énigme qui lui est imposée, l'héroïne accepte sans résistance le confinement dans la prison forestière. Plus tard, pour ne pas perdre la raison et tenir la peur à distance, elle écrit le déroulé de ses deux dernières années, entièrement consacrées à sa survie. Journal de bord d'une femme forcée à la solitude, récit survivaliste post-apocalyptique, Le Mur invisible de l'autrice autrichienne #MarlenHaushofer est surtout un immense classique de la littérature féministe.

[Suite en commentaires]
💫 #COUPDECOEURLITTERAIRE « La mémoire est u 💫 #COUPDECOEURLITTERAIRE 
« La mémoire est un lieu dans lequel se succèdent des portes à entrouvrir ou à ignorer ; la mémoire, écrit Louise Bourgeois, « ne vaut rien si on la sollicite, il faut attendre qu’elle nous assaille. » » Il aura fallu cinquante ans et une collaboration dans la collection #Manuitaumusee pour que #LolaLafon, le temps d’une nuit dans l’Annexe du Musée Anne Frank à Amsterdam - pièce exiguë de 40 mètres carrés où vécurent huit personnes pendant 760 jours avant d’être dénoncées et déportées par les nazis, affronte les fantômes de son passé. Une histoire familiale chaotique commune aux Juifs d’Europe centrale. Stigmatisation, persécution, ostracisation, déportation, extermination. Cette nuit du 18 août 2021, Lola Lafon, petite-fille d’exilés juifs russes et polonais - troisième génération après la Shoah, élevée entre la Hongrie et la Roumanie de Ceaușescu, évoque ce traumatisme transgénérationnel qui se nourrit du silence même des absents. Comme Anne Frank, la mère de l’autrice s’est cachée pour échapper aux nazis. Comme la famille Frank, la sienne a fui l’Europe de l’Est, partageant cette « foi tragique » en un pays qui les a trahis. Comme 50% des Juifs ashkénazes, leurs deux familles ont été gazées dans les camps. Disparues, rayées de la carte. Confinée 10 heures, seule, uniquement munie d’un talkie-walkie dans la cachette où Anne Frank à 13 ans commençait la rédaction de son « journal », resté inachevé et publié à 30 millions d’exemplaires depuis, Lola Lafon, s’imprègne des lieux et, pour la première fois, dans des pages bouleversantes entrelaçant sa vie à celle de la jeune fille, aborde la question épineuse de sa judéité. Sujet qu’elle a sciemment refoulé. Un héritage trop lourd à porter, qui lui échappe, tout en lui collant à la peau. Si le phénomène Anne Frank a dépossédé son journal de la dimension littéraire qu’il revêtait, Lola Lafon a écopé, quant à elle, d’un bagage culturel encombrant. Devenue écrivaine pour fixer le présent : « le présent que je n’écris pas flotte, un brouillon sans contour. C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis. », Lola Lafon remonte le fil de sa vie.

[Suite en commentaires]
⏳ #DECEPTIONLITTERAIRE 
« Cette nuit, vous n'êtes plus juifs. C'est votre seconde naissance et vous ne venez de rien. Inventez-vous un passé, celui que vous voudrez, mais qui soit chrétien. Et ainsi vous vivrez. » En 1472, en Cantabrie, deux frères : Yehohakim Cocia, l’aîné, et Yehohanan, le cadet, doivent fuir en faisant la promesse de ne jamais chercher à se retrouver. Un pogrom s’annonce. Pour y échapper, ils endossent une nouvelle identité. Seul témoin de leur judéité : un triangle doré, une moitié de l’étoile à six branches que leur mère a dissimulée dans leur habits. Yehohakim se réinvente en Joaquín, médecin en Saxe, où il accompagnera les grandes avancées scientifiques de son siècle - notamment les premières autopsies sur cadavres effectuées dans la clandestinité. Son chemin croisera celui du jeune moine allemand Luther, initiateur de la réforme protestante. Tandis que Juan, converti, sillonnera les océans, côtoiera Christophe Colomb, cartographiera le Nouveau Monde, que les grandes puissances européennes ne tarderont pas à coloniser. Deux destins en miroir entrelaçant les grands bouleversements géopolitiques, géographiques, sociaux, religieux et artistiques de la Renaissance à travers l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Amérique avec un crochet par l’Algérie. Forte de sa formation en histoire de l’art, spécialiste de la peinture de la Renaissance, #NadeijeLaneyrieDagen nourrit son propos de références historiques précises, encyclopédiques. Cela, suffit-il à faire d’un roman historique dense une grande fresque épique ? Encore faudrait-il que la promesse de départ soit tenue, que les trajectoires des deux frères se répondent, convergent au fil du récit. À la page 488, où j‘ai abandonné, la perspective d’un tel dénouement peine à se dessiner. Les 150 premières pages se lisent avec curiosité, l’intrigue se pose, promet un grand roman d’aventures, des manipulations politiques, des bouleversements idéologiques, puis retombe, faute de souffle suffisant, s’étiole, se perd dans des affaires de second plan. #LetoileBrisee bute sur des impasses stylistiques et narratives, se traduisant par une tentative maladroite de maquiller en roman un essai.
🚞 [Pal #Interrail : l’Europe en train] Petit 🚞 [Pal #Interrail : l’Europe en train]

Petit changement de programme…
Après 10 mois de tour du monde, 14 pays visités, je me lance dans un nouveau projet : sillonner l’Europe en train et en solo. N’étant absolument pas organisée et appréciant me laisser porter, l’itinéraire n’est pas encore fixé, mais j’ai déjà une petite idée des livres qui m’accompagneront par destination. Et cette étape du voyage, je peux passer des heures à la peaufiner… Surtout que la littérature de la mitteleuropa est une de mes préférées ♥️ 

Et pour celles et ceux qui s’interrogent, je vais en effet porter ça sur mon dos. Chacun ses prios, Ok ? 🐢 

Mon itinéraire littéraire :

🇳🇱 Pays-Bas 
La maison préservée de Willem Frederik Hermans
Le problème Spinoza d'Irvin D. Yalom
Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

🇸🇪 Suède 
La saga des émigrants de Vilhelm Moberg 

🇩🇰 Danemark
Imaqa de Flemming Jensen et Inès Jorgensen

🇩🇪 Allemagne
Seul dans Berlin de Hans Fallada
La petite-fille de Bernhard Schlink

🇵🇱 Pologne
Le pentateuque ou les cinq livres d’Isaac d’Angel Wagenstein
Je voudrais leur demander pardon mais ils ne sont plus là de Mikolaj Grynberg
Shosha d’Isaac Bashevis Singer
Aucun de nous ne reviendra de Charlotte Delbo

🇭🇺 Hongrie
La mélancolie de la résistance de László Krasznahorkai

🇷🇺 Russie
Le Rêve d’un homme ridicule et Les Nuits blanches de Fédor Dostoïevski

🇺🇦 Ukraine
Les partisans d’Aharon Appelfeld

🇦🇹 Autriche 
Le mur invisible de Marlen Haushofer
Des arbres à abattre de Thomas Bernhard 

🇨🇿 République Tchèque 
Vivre avec une étoile de Jíri Weil

⏳ L’Europe de la Renaissance de l’Espagne à l’Italie, à l’Allemagne en passant par l’Angleterre
L’étoile brisée de Nadeije Laneyrie-Dagen

👉 Mon (potentiel) itinéraire ferroviaire reliant les grandes capitales européennes :
Paris 🇫🇷 > Bruxelles 🇧🇪 > Amsterdam 🇳🇱 > Copenhague 🇩🇰 > Berlin 🇩🇪 > Prague 🇨🇿 > Budapest 🇭🇺 > Vienne 🇦🇹 > Italie 🇮🇹 (?)

Quelle serait votre sélection idéale de pays ? Si vous êtes sur la route, faites-moi signe 👋 
.
.
.
.
.
#PAL #TrainTrip #TravelEurope #solotravel #voyagerenlisant
🕵️‍♂️ #COUPDECOEURLITTERAIRE « La lun 🕵️‍♂️ #COUPDECOEURLITTERAIRE
« La lunette de la tragédie grecque nous apprend, entre autres, que la véritable tragédie n'est jamais une confrontation directe entre le Bien et le Mal, mais plutôt, de façon plus exquise et plus douloureuse à la fois, un conflit entre deux conceptions du monde irréconciliables. » Petit-fils d'émigrants, descendant d'une famille de Juifs austro-hongrois ayant vécu pendant trois siècles et demi (1612-1941) dans un shtetl polonais où 99,2% des Juifs ont péri, l'helléniste #DanielMendelsohn a été bercé toute son enfance d'histoires épiques et de destins tragiques : la traversée vers les Amériques, le mariage arrangé d'une de ses tantes, son décès prématuré, la sœur qui prend le relai, le silence intense de son grand-père - par ailleurs si loquace - concernant la disparition de son frère, de sa belle-sœur et de leurs quatre filles adolescentes. Ceux dont l'histoire aurait dû être racontée. Six Juifs "tués par les nazis", dont la trace se résume à une mention lapidaire au dos d'une photo. Obsédé par la généalogie de sa famille depuis ses treize ans, Daniel Mendelsohn entame un voyage au long cours sur cinq ans, reliant New York, l'Ukraine, l'Australie, Israël, Stockholm, Copenhague, Prague, Vienne, Vilnius, Riga, Minsk...pour récolter auprès des douze derniers survivants de Bolechow, le moindre indice, la plus petite piste lui permettant de reconstituer le déroulé des événements. Comment dans cette province de Galicie de l'empire royal et impérial de la double monarchie d'Autriche-Hongrie, les Ukrainiens ont massacré leurs voisins, piétinant les enfants, les jetant par les fenêtres, déversant une rage qui avait dû s'accumuler depuis des années pour ainsi exploser dans un déchaînement de haine, de folie meurtrière. Quel fut le déclic ? Des 6 000 Juifs de Bolechow, seuls 48 ont survécu.

[Suite en commentaires]
Du lourd Le moment est toujours bien choisi pour Du lourd

Le moment est toujours bien choisi pour sortir de grands textes de la bibliothèque. 

Croire au travail de mémoire. À la victoire de l’individu sur l’idéologie. Quelle qu’elle soit.

« Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s'exposent à ce qu'elle recommence... » #ElieWiesel 

Quels grands esprits peuplent votre bibli ?

*** 
#CharlotteDelbo #DanielMendelsohn #RuthKluger #AharonAppelfeld entre autres…
🌽 #PULITZERPRIZE « Pour Ántonia et pour moi 🌽 #PULITZERPRIZE 
« Pour Ántonia et pour moi, cette route avait été celle du destin, nous avait conduits aux premières vicissitudes du sort qui avaient prédéterminé tout ce que nous allions devenir. Désormais, je savais que cette même route allait nous réunir. Quoi que nous eussions manqué, nous avions en commun le passé, précieux, incommunicable. » À bord d’un train filant vers l’Ouest, traversant la grande plaine centrale d’Amérique du Nord, Jimmy, onze ans, orphelin confié à ses grands-parents, rencontre pour la première fois Ántonia Shimerda. Voyageant dans le wagon d’immigrants, la première famille tchèque de la région a laissé derrière elle sa Bohème natale pour le Nebraska, son climat vigoureux, ses étendues d’herbe rouge à perte de vue. Sans-le-sou, les Shimerda atterrissent dans un terrier, s’échinent à défricher la terre, ployant sous le coup d’une vie de labeur, tout en souffrant du mal du pays, de la nostalgie pour le vieux continent. La peau cuivrée par le soleil, Ántonia travaille aux champs, creuse son sillon. L’amitié entre les deux adolescents se distend, se resserre, évoluant au au fil des saisons. Vingt ans plus tard, Jimmy se remémore son Ántonia,« capable de vous couper le souffle d’un simple regard ». Dans un carnet, il retranscrit, au prisme de son amitié, l’histoire des pionniers venus d’Europe de l’Est forcer le destin et qui, affranchis des règles tacites de la bonne société, ont réussi là où les familles américaines engoncées dans leur puritanisme, ont échoué. L’autrice américaine #WillaCather, lauréate en 1923 du prix Pulitzer pour L’un des nôtres, ne signe sans doute pas le grand roman sur la conquête de l’Ouest ; convenu, mièvre, reposant sur une vision idéalisée du quotidien des migrants rendu par un narrateur peu sympathique au jugement sévère à l’égard des étrangers ; mais rend compte de la difficulté pour ses populations de s’intégrer, qu’une volonté extraordinaire a permis de surmonter. L’esprit d’aventure, la ruée vers l’or, des femmes qui tracent leur route en saisissant chaque opportunité, une nature sublimée… #MonAntonia est un roman d’atmosphère, lent, qui, bien qu’ayant vieilli, procure un doux sentiment d’apaisement.
🖼️ #HEROINE « Lucrèce s’installe à la l 🖼️ #HEROINE
« Lucrèce s’installe à la longue table de dîner […] quand vient à Lucrèce, avec une évidence soudaine - comme si un fragment de verre coloré, devant ses yeux, avait été placé ou peut-être retiré -, la certitude que son époux projette de la tuer. » Portrait d’une jeune fille en feu, la biographie romancée consacrée par #MaggieOFarrell à Lucrèce de Médicis mariée au duc Alfonso à l’âge de quinze ans, confirme le talent éblouissant de l’autrice irlandaise pour combler les blancs de la vie de personnages historiques oubliés. Après s’être attelée à celle du fils de Shakespeare dans Hamnet, Maggie O’Farrell imagine le destin brisé d’une jeune femme indomptable prisonnière d’un mariage avec un homme à deux visages. Tantôt autoritaire, rigidité qu’un léger souffle suffit à craqueler, libérant un flot de colère ; tantôt attentionné. Comme si une violence sourde couvait sous le vernis courtois du descendant d’une des plus illustres familles régnantes d’Italie. Fille de la célèbre « fecundissima » de Florence, Lucrèce est un maillon dans les chaînes du pouvoir. Son pedigree éclaire l’insistance du Duc - pressé de concevoir un héritier pour empêcher que son duché ne passe aux mains des français - à l’épouser, après le décès de sa sœur, emportée par une maladie foudroyante, à laquelle il était fiancé. À mesure que les mois s’égrènent et que ses menstruations reviennent, l’étau se resserre. Alternant deux époques : 1561, dans la forteresse où elle pressent que son époux l’a isolée pour l’assassiner ; et 1544, son enfance solitaire au palais, la narration converge vers le point culminant. La mort suspecte de la duchesse de Ferrare, soupçonnée d’avoir été empoissonnée, sert de matière romanesque à l’imagination fertile de Maggie O’Farrell, qui dessine en creux de cette tragédie annoncée, dans un style baroque, alternance d’ombres et de lumières, de nuances riches et dorées, le portrait d’une héroïne talentueuse, libre et impétueuse, qui jusqu’au bout a lutté dans un combat déloyal face à son mari. Un pur plaisir de lecture !
🥩 #PULITZERPRIZE « Il existe deux sortes de p 🥩 #PULITZERPRIZE
« Il existe deux sortes de prison : dans l’une, c’est l’homme qui est enfermé, tandis que ce qu’il convoite est à l’extérieur ; dans l’autre, l’homme est laissé en liberté, mais les objets désirés sont, eux, derrière les barreaux. » S’inscrivant dans la tradition américaine du « muckraking » - journalisme d’investigation au début du 20e siècle, qui par le biais d’une longue enquête immersive dénonce la toute-puissance du Trust de la Viande : corruption des élus, collusion entre la justice, les politiques, la police et la pègre, entente entre les capitaines d’industries..., #UptonSinclair tire de son immersion dans les abattoirs de Chicago un roman flamboyant nous faisant pénétrer dans les coulisses du capitalisme. Laboratoire social où les industriels magouillent, s’entendent sur les prix, pratiquent une division du travail acharnée verticale et horizontale, aliénant les ouvriers et les dépossédant de leur énergie vitale. Broyés entre les mâchoires d’une machine infernale, ils sont recrachés exsangues sur un marché rendu flexible par une armée d’un million de chômeurs qui battent le pavé. Rangs que viennent grossir Jurgis, sa future femme Ona, Elzbieta, Marijá, le vieux Antonas et six enfants. Une famille de paysans émigrés d’Europe de l’Est débarquant sur la terre promise. Des idéalistes ayant troqué dans leur naïveté et leurs rêves de fortune les forêts de Lituanie pour les conserveries de viande de Brown and Company. Le chemin de croix de Jurgis illustre étape par étape l’envers du rêve américain. Le combat déloyal de David contre Goliath, de l’ouvrier, pièce substituable d’une mécanique bien huilée, contre les silhouettes floues du pouvoir qui l’exploite. Membre de la gauche socialiste américaine, Upton Sinclair est un écrivain engagé. À l’instar d’#EmileZola - par son style journalistique et naturaliste ultra documenté, racontant la déchéance morale d’un héros courageux plongeant dans l’alcoolisme (L’Assommoir), et de #JohnSteinbeck - des destins brisés, un puissant souffle romanesque qui traverse une fresque épique illustrant mieux que toutes études sociologiques l’échec du modèle néo-classique (Les raisins de la colère), [suite👇]
⚖️ #CLASSICBOOKS « Le bien et le mal ne se d ⚖️ #CLASSICBOOKS 
« Le bien et le mal ne se déterminent pas dans les rapports des hommes entre eux, mais uniquement dans les rapports de l’homme avec lui-même. » Sur le chemin de l’éveil à la conscience morale du jeune Etzel, seize ans, se dresse son père le procureur Andergast. Homme austère au jugement sévère, observant scrupuleusement la loi ; qui en cela, n’hésita pas à punir son ex-femme coupable d’adultère en lui retirant ses droits de mère. En interceptant un courrier, Etzel découvre que l’affaire qui a fait décoller la carrière de son père repose sur une erreur judiciaire. Dix-huit ans auparavant, à Berlin en 1905, ce censeur froid aussi figé qu’un intérieur bourgeois a participé - comme le rouage d’une machine infernale - à la condamnation de Leonard Maurizius pour le meurtre par balle de sa femme. À mesure que son enquête avance, plongeant dans les méandres de l’âme humaine et les ramifications complexes qui relient les acteurs du drame, Etzel se convainc de l’innocence d’un homme qui n’a eu de cesse de la clamer. Poussé à son paroxysme, le huis clos amoureux sur fond de rivalité entre sœurs attisée par un homme peu scrupuleux, prend des allures de tragédie grecque. Des mobiles, à l’époque écartés ou inexplorés, dans un souci d’efficacité, émergent. De ce face-à-face générationnel, ce sont deux conceptions du monde qui entrent en collision : l’idée d’une justice pure jusqu’au déroulement de la procédure pour Etzel, prenant en compte le facteur humain, ses doutes inhérents ; au risque de s’avilir en l’écartant et de conduire aux pires atrocités sous l’autorité d’une justice despotique rendue par des fonctionnaires exécutant imperturbablement leurs tâches sans interroger leur légitimité. Dans cette quête de vérité, Etzel est un héros merveilleux, un idéaliste acharné, refusant tout compromis, préservant en lui l’idée que la pureté intellectuelle peut résister au monde réel. Que l’Homme n’avilit pas tout ce qu’il touche.

[Suite en commentaires]
🇮🇹 #PRIXGONCOURT 2023 « Tu sauras que tu 🇮🇹 #PRIXGONCOURT 2023 
« Tu sauras que tu es sur le bon chemin, Mimo, quand tout le monde te dira le contraire.
- Je préférerais plaire à tout le monde.
- Bien sûr. C’est pour ça qu’aujourd’hui tu n’es rien. »
À peine sorti du ventre de sa mère, Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, présente un problème de taille, un « piccolo problema ». Atteint d’achondroplasie, Mimo devra capitaliser sur son talent et la rage de vaincre, propre à ceux que le destin a lésés pour compenser son infirmité. Orphelin de père, Mimo est confié à un homme rustre, qui lui enseignera les rudiments de la sculpture sur marbre dans son atelier de Pietra d’Alba. Un petit village au pied des Alpes, dans la région du Piémont au Nord de l’Italie, où vit l’illustre famille Orsini. Au détour d’un chantier, le jeune apprenti rencontre leur fille Viola. Tempérament incandescent, silhouette androgyne, yeux sérieux, qu’un éclair vif traverse, trahissant une compréhension fine des contraintes que son sexe lui imposera toute sa vie. Son intelligence ne pouvant éclater, Viola éprouve sa liberté autrement. Se construit en cachette, prenant au pied de la lettre son désir de s’élever en se jetant sous les yeux d’un public médusé du toit de la villa le soir de ses fiançailles avec le rejeton d’une famille fortunée. En Mimo, elle reconnaît son alter ego. Comme elle, il connaît cette sensation d’empêchement. Un quotidien à manœuvrer serré entre sa conscience et les revirements historiques d’une société catholique, patriarcale et machiste. Leur amitié sera mise à l’épreuve de deux guerres mondiales, de l’ambition de Mino - génie artistique au service d’un régime fasciste - et des rêves brisés de Viola coincée entre les mondanités de sa mère et les ambitions militaires et ecclésiastiques de ses frères. Enlisés dans des rôles de composition, c’est chez l’autre qu’ils puiseront la force de résister et le courage de se révolter. #JeanBaptisteAndrea tisse une belle histoire d’amitié au souffle romanesque, faisant traverser au lecteur les années noires de l’Italie de Mussolini à travers l’ascension d’un sculpteur de génie et celle empêchée d’une femme aspirant sa vie durant à s’extraire des limites de sa féminité.
🌾#PRIXPULITZER 1923 « À l’intérieur des v 🌾#PRIXPULITZER 1923
« À l’intérieur des vivants aussi, languissaient des captifs. Oui, en vérité, à l’intérieur de gens qui marchaient et travaillaient en plein soleil, des captifs vivaient dans les ténèbres - et jamais on ne les voyait, de l’heure de leur naissance à celle de leur trépas. […] Et ces enfants de la lune, avec leurs désirs insatisfaits et leurs rêves futiles constituaient une race plus belle que celles des enfants du soleil. » Au cœur de la région des Grandes Plaines, dans le Nebraska autrefois peuplé par les Indiens et les bisons, Claude Wheeler, hérite de la ferme familiale. Pour ces anciens colons taiseux, l’amour filial s’exprime par des attentions et la sensibilité est une marque de vulnérabilité. À force de compromis, Claude ; le fils différent, en décalage avec son entourage et cette Amérique rurale puritaine où l’on fait peu cas des désirs contrariés ; tente de se couler dans la vie qu’on lui a tracée. Au risque de se renier. « Il faisait ainsi tort à quelque chose en lui-même. » Le poids dans sa poitrine grossit, ses pensées le tourmentent. Il étouffe à la perspective d’un avenir rétréci. Une existence à trimer du lever au coucher du soleil, à retourner la terre, jusqu’à être enseveli sous cette dernière. Mourir à petit feu, alors qu’il le sent, sa place est de l’autre côté de l’océan. L’Histoire lui offre l’opportunité d’un nouveau départ : se porter volontaire pour combattre aux côtés des Alliés sur le Vieux Continent. Avoir le courage, enfin, de rompre avec une vie faite de compromis dans laquelle il se sent étriqué. Encore faut-il que la Grande Guerre et l’horreur des tranchées ne douchent pas ses espoirs en la nature humaine. Récompensé par le prix Pulitzer, L’un des nôtres de l’autrice américaine #WillaCather est un roman d’apprentissage déchirant, qui suit le cheminement d’un héros sensible et complexe tentant de trouver sa place dans la société. Un de ces êtres profondément attachants qu’un halo lumineux semble protéger des désillusions de la réalité. En creux de ses tâtonnements, ses tentatives de s’élever et sa foi inaltérée en la beauté, c’est toute la richesse d’un monde non manichéen à préserver qui nous est révélée.
🌒 #PRIXPULITZER 1967 « On se sent souvent ré 🌒 #PRIXPULITZER 1967
« On se sent souvent réduit à l’impuissance face au désordre des temps modernes, face à la masse d’évènements et d’expériences apparemment incontrôlables qu’il faut bien vivre, essayer de comprendre et si possible ordonner. Mais, pour peu qu’on ait quelque chose à offrir, on ne doit pas se soustraire à cette tâche au risque de se diminuer sur le plan humain. » Juif de naissance et de nationalité, libre-penseur, spinoziste amateur, le réparateur Yakov Bok, quitte son Shtetl de province pour la ville de Kiev. S’aventurant en-dehors de la zone de résidence où sont parqués, jusqu’à la révolution bolchevique, les Juifs de Russie. En 1911, l’autocratie tsariste fragilisée fait régner un antisémitisme d’État, brandissant le pogrom comme exutoire à la frustration nationale - soit l’effet d’une saignée pratiquée sur un corps malade. Ainsi, dans ce climat d’hystérie collective, le corps lardé de coups de couteau d’un jeune chrétien retrouvé dans une grotte échauffe les esprits. Le mobile du meurtre rituel visant à récupérer le sang pour confectionner des Matsot (galettes de Pessah) est avancé. Ayant endossé un nom d’emprunt pour dissimuler sa judéité à son employeur - un membre des Cent-Noirs : mouvement antisémite, nationaliste et monarchiste ayant réellement existé, Yakov Bok est le bouc émissaire idéal - « jugé pour la seule et unique raison qu’on avait lancé une accusation ». De cet imbroglio, naît une situation absurde digne du Procès de #FranzKafka. Accusation montée de toutes pièces, preuves falsifiées, persécution, emprisonnement sans jugement, tortures… L’arbitraire et la négation du Droit, confèrent à L’homme de Kiev une dimension universelle. En décortiquant le processus de discrimination, qui déshumanise puisque transforme une sentence individuelle en un châtiment collectif, donc impersonnel, #BernardMalamud transcende son sujet. Hasard et Histoire scellent le destin d’un homme innocent. Seul son refus de collaborer en endossant la culpabilité d’un crime qu’il n’a pas commis permet à Yakov Bok de conserver sa dignité.

[Suite en commentaires]
Charger plus Suivre sur Instagram

Articles récents

  • La tristesse des anges, Jón Kalman Stefánsson : une méditation poétique sur le sens de l’existence au cœur d’une tempête de neige en Islande 3 décembre 2023
  • Ímaqa, Flemming Jensen : un instituteur danois idéaliste en quête d’aventures au Groenland 24 novembre 2023
  • Les partisans, Aharon Appelfeld : récit de survie d’un groupe de résistants juifs dans les forêts ukrainiennes 18 novembre 2023
  • Apeirogon, Colum McCann : Israël/Palestine, deux pères endeuillés combattant pour la paix 14 novembre 2023
  • Des arbres à abattre, Thomas Bernhard : radioscopie de la petite-bourgeoisie viennoise, un summum de cynisme & une vengeance littéraire cruelle 9 novembre 2023
Copyrights © 2018 BUZZBLOGPRO. Tous Droits Réservés.

 

Chargement des commentaires…