
Zygmunt Miloszewski récidive avec son nouveau polar Inavouable – pavé de 589 pages – qui sortira le 14 septembre prochain en librairie ! En 2014 le premier opus d’une trilogie, mettant en scène le procureur Theodore Szacki, intitulé Les impliqués, faisait déjà parti des finalistes dans la catégorie polar du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2014. Zygmunt Miloszewski connaît un succès retentissant avec ses thrillers venus de l’Est. À défaut d’avoir lu Les impliqués – qui se trouve dans ma PAL de romans policiers à lire d’urgence… – je me suis plongée pour les besoins du concours dans son dernier ouvrage. Au vu des éloges qui lui ont été faits concernant ces précédents opus, j’attendais beaucoup de ce polar. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue. Zygmunt Miloszewski maîtrise les codes du thriller. L’intrigue est très bien ficelée, pleine de rebondissements, il est quasiment impossible de prévoir ce qu’il se passera. L’effet de surprise est total. Réaliser un polar sur fond de trafic d’oeuvres d’art à travers l’histoire est une idée particulièrement astucieuse qui capte immédiatement le lecteur. On ne peut pas ne pas penser aux romans à succès de Dan Brown, Da Vinci Code, qui doit certainement une partie de son succès au seul fait que l’intrigue prenne pieds dans le monde mystérieux de l’art. Monde qui nourrit des comportements irrationnels, passionnels, à la limite de la folie. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre notre équipe hétéroclite à la recherche du tableau disparu de Raphaël, Le Portrait de jeune homme. Équipe composée du Dr Sofia Lorentz, Chef du Département de recouvrement de biens culturels, d’un agent des services secrets, d’une voleuse d’oeuvres d’art de haute voltige et d’un marchand d’art aux méthodes douteuses… 😀
Résumé
Zakopane, chaîne des Tatras, 26 décembre 1944. Un résistant serre contre lui un étui métallique. À ses oreilles résonnent encore les dernières instructions de l’officier nazi qui lui a confié le « plus grand trésor de cette guerre »… Alors qu’il est pris dans une tempête de neige, sa formation d’alpiniste pourrait se révéler cruciale. Non loin de là, dans une auberge, un homme contemple par l’une des fenêtres la même bourrasque déchaînée. Après une ultime hésitation, il croque sa capsule de cyanure.
Une matinée d’automne, de nos jours, à Varsovie. Chef du Département de recouvrement de biens culturels rattaché au ministère des Affaires étrangères, le Dr Zofia Lorentz est convoquée par le Premier Ministre : le Portrait de jeune homme du peintre Raphaël, tableau le plus précieux jamais perdu et recherché depuis la Seconde Guerre mondiale, vient d’être localisé… Accompagnée d’un marchant d’art cynique, d’un officier des services secrets à la retraite et d’une voleuse légendaire, Sofia s’envole pour New York. C’est la première étape d’une quête contrariée qui pourrait inverser la lecture de l’Histoire et la politique internationale moderne…
Fleuve Éditions
Une intrigue bien ficelée et efficace
Dès les premières pages d’Inavouable Zygmunt Miloszewski nous met dans le bain : de nos jours un terroriste en pleine montagne s’attaque à un téléphérique transportant une soixantaine de touristes alors qu’au même endroit, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une série d’événements qui auraient dû changer le cours de l’Histoire survient. Aucune corrélation logique ne semble lier ces deux événements en apparence indépendants. Quelque temps s’écoule après cet acte de terroriste survenu dans les Tatras – chaîne de montagnes à la frontière entre la Slovaquie et la Pologne, avant que le Dr Sofia Lorentz ne se voit attribuer une mission d’envergure nationale. Elle se retrouve à la tête d’une expédition avec pour objectif de localiser et de rapatrier le tableau disparu de Raphaël, le Portrait de jeune homme, en Pologne. L’enquête nous entraîne de Varsovie à New Rochelle – ville de la banlieue nord de New York, de la Suède aux Tatras en passant par d’innombrables cachettes telles qu’un enclos à lions ou une cabane en pleine forêt. Zygmunt Miloszewski signe un thriller haletant, où le rythme ne faiblit jamais. Entre un cambriolage rocambolesque, un passionné d’oeuvres d’art se faisant appelé le Comte et des histoires de famille irrésolues, le lecteur a à peine le temps de reprendre son souffle. Malgré tous ces rebondissements, l’intrigue m’a paru totalement crédible.
Faire du monde de l’art la toile de fond de l’intrigue m’a beaucoup plu. Zygmunt Miloszewski ne nous perd pas dans les méandres de la peinture impressionniste. Au contraire, c’est avec beaucoup de pédagogie et sans lourdeur qu’il guide le lecteur à travers ces notions. On sent que Zygmunt Miloszewski s’est documenté en amont, qu’il connaît son sujet. C’est ce qui explique que l’on soit pris dans cette histoire de tableaux volés et de collection manquante. Le risque avec le polar c’est de perdre en cours de route le lecteur, qui aurait décroché quelques secondes ou qui aurait loupé un coche, un élément du raisonnement… Zygmunt Miloszewski fait en sorte à travers notamment les dialogues entre ses personnages de laisser en permanence une porte ouverte au lecteur pour qu’il puisse justement s’y glisser et reprendre l’enquête avec toutes les clés en main. On sent que l’auteur écrit à destination du lecteur et c’est très agréable.
Zygmunt Miloszewski égratigne l’image des États-Unis au passage et leur assigne un rôle terrible dans l’Histoire. J’ai trouvé cette réécriture de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale plutôt vraisemblable. D’une intrigue prenant source dans le monde de l’art, nous nous trouvons en pleine crise diplomatique. Il reprend les méthodes qui ont fait le succès d’auteurs comme Dan Brown. Soit un thriller qui repose sur des énigmes propres au monde de l’art et sur des jeux de pouvoir.
Des personnages attachants constituant une équipe hétéroclite
À la tête de cette équipe de choc, se trouve le Dr Sofia Lorentz. Brillante fonctionnaire, elle est la chef du Département de recouvrement de biens culturels, organisation unipersonnelle…dirigée par elle donc et uniquement composée de sa personne. Elle est mandatée par le gouvernement polonais pour localiser et rapatrier les oeuvres d’art revenant de droit à la Pologne. Menant une vie rangée de trentenaire célibataire, rien ne la prédestinait à devenir l’ennemi numéro 1 des États-Unis prêts à déclencher un conflit diplomatique pour l’éliminer. La seconde femme n’est autre que Lisa Tolgfors, la cinquantaine, aristocrate et voleuse de haute voltige dont le tableau de chasse affiche principalement des impressionnistes tels que Monet, Renoir… À cela s’ajoute, Karol Boznanski, marchand d’art aux méthodes douteuses, ainsi que le Major Anatol Gmitruk, ancien militaire, agent secret sur le point de partir à la retraite. Chacun des membres du commando amateur a été choisi puisqu’il est le meilleur dans son domaine. Zygmunt Miloszewski les décrit avec beaucoup d’humour tout en évitant de tomber dans la caricature.
Conclusion
Il est compliqué d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue, ce qui serait dommage. Je vous conseille ce roman policier, qui remplit tous les critères d’un bon polar ! 🙂 Vous ne vous ennuierez pas une seconde, je vous le garantis. Zygmunt Miloszewski rejoint donc la liste d’auteurs dont chaque année j’attends la sortie d’un nouvel opus : Fred Vargas, Ian Manook, Sophie Hénaff, Jussi Adler-Olsen… Je précise tout de même qu’Inavouable est un polar, que l’auteur ne se démarque pas par son style littéraire, ni par une écriture particulièrement travaillée. Mais il me semble que ce n’est pas ce que l’on attend d’un polar, certes la langue doit être correcte mais je m’attache plus au rythme qu’à la prose de l’auteur.
Ouvrages en lice pour le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018 jury de septembre :
Catégorie « Romans » :
- Summer, Monica Sabolo
- Ma reine, Jean-Baptiste Andrea
- Notre vie dans les forêts, Marie Darrieussecq
Catégorie « Polars » :
- Inavouable, Zygmunt Miloszewski
- Le diable en personne, Peter Farris
Catégorie « Documents » :
- La tête et le cou, Maureen Demidoff
- Un jour, tu raconteras cette histoire, Joyce Maynard
>>> RENTRÉE LITTÉRAIRE 2017 (#RL2017)
>>> GRAND PRIX DES LECTRICES DE ELLE 2018